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Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 6, 1865.djvu/63

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s’exprime le Prophète. Ce n’est pas tout d’abord, ni dès la formation de l’Église que fleurit la virginité, c’est plus tard et après un certain intervalle de temps. En conséquence, le Prophète n’en parle qu’après avoir parlé du reste, après avoir dit qu’elle a oublié le peuple et la maison de son Père, qu’elle s’est revêtue de cette parure, qu’elle a resplendi de beauté. De lit cette phrase : « Derrière elle ses proches et seront amenées. » Ses proches, non seulement par le lieu, mais encore par le caractère, celles dont les doctrines répondent aux siennes. Les vierges qui sont parmi les hérétiques ne sont pas des vierges, à dire vrai : car elles ne sont pas proches de la reine. « Elles seront amenées en joie et en allégresse. » – Ici l’on entrevoit une maxime apostolique derrière les expressions transparentes du Prophète. Quelle est cette maxime : La voici : « Les épouses auront tribulation dans leur chair. » (1Cor. 7,28) Si les épouses ont en partage la tribulation, les vierges ont pour lot la joie et le contentement. L’une en effet, trouve mille sujets de soucis dans ses enfants, son mari, sa maison, ses serviteurs, ses parents, ses alliés, ses petits enfants, dans sa stérilité ou sa fécondité trop grande : ce n’est pas le moment de décrire ici tous les fléaux du mariage. La vierge crucifiée, détachée du monde, élevée au-dessus des préoccupations charnelles, une fois qu’elle a franchi le détroit, et qu’elle n’a plus de regards que pour le ciel, jouit de l’allégresse de l’Esprit, et vit au sein d’un bonheur sans mélange. Et ce n’est pas seulement la vie présente, c’est encore la vie future que le Prophète désigne allégoriquement, le jour où les vierges, portant dans leurs mains des torches éclatantes, iront au-devant de l’époux afin de lui faire accueil. Il emploie ici l’expression « temple du Roi » pour désigner le palais. « Pour remplacer tes pères des fils te sont nés « (17). Te naîtront », d’après un autre. Il a été question plus haut de son peuple et de ses pères : « Oublie ton peuple et la maison de ton père. » S’il ajoute ce qui précède ; c’est pour montrer qu’en ce point encore son bonheur sera parlait : elle était stérile, et la voilà mère d’enfants innombrables. – Peu importe, par conséquent, qu’elle ait été enlevée à ses parents. Elle aura autour d’elle une troupe d’enfants si illustre et si glorieuse, que toute la terre en sera couverte.
13. Si je ne me trompe, il s’agit ici des apôtres, qui furent ses docteurs. Ensuite dépeignant leur force, leur puissance et leur gloire, il dit : « Tu les établiras princes sur toute la terre. » Ces paroles ont-elles besoin d’explication ? Ne le pense pas ; la lumière du soleil, dans tout son éclat, n’est pas plus claire que ces mots. En effet, les apôtres ont visité toute la terre, ils ont été des princes plus puissants que les plus augustes monarques. Les rois dominent de leur vivant, et perdent leur pouvoir avec la vie. – Mais la mort des apôtres n’a fait qu’ajouter à leur empire. Les décrets des rois sont sans force hors de leur royaume ; les préceptes donnés par ces pécheurs se sont répandus sur toute la surface de la terre. L’empereur des Romains ne saurait imposer des lois aux Perses, ni le roi de Perse aux Romains : les habitants de la Palestine ont imposé les leurs aux Perses, aux Romains, aux Thraces, aux Scythes, aux Indiens, aux Maures, au monde entier : et ces lois sont restées en vigueur non seulement tant qu’ils ont vécu, mais encore après leur mort : et ceux qui y sont assujettis aimeraient mille fois mieux perdre la vie que d’en secouer l’autorité. « Je me souviendrai de votre nom dans la suite de toutes les races : et c’est pour cela que les peuples publieront vos louanges, dans les siècles des siècles (18). » Un autre traduit « Je rappellerai votre nom à chaque génération. Et c’est pour cela que les peuples vous « célébreront éternellement. » Il a fait voir la grandeur de cette puissance d’après l’étendue de la terre, les dimensions du monde, le nombre des peuples qui y seront soumis : – Il se fonde maintenant sur une autre considération pour en montrer la majesté : c’est qu’elle s’étendra non seulement sur toute la terre, mais encore dans tous les siècles. Votre mémoire sera éternelle, dit-il, en tant qu’elle sera consignée dans nos livres, lisible dans notre conduite, inscrite dans nos maximes. Voyez comment il prédit en même temps la durée de sa propre prophétie, en disant : « Je me souviendrai de votre nom dans la suite de toutes les races. » – Quand je serai mort, je chanterai vos louanges jusque dans le sein de la mort. Car si le corps se dissout, l’Écriture subsiste, et la loi dure. « C’est pour cela que les peuples publieront vos louanges. » Il finit par où il a commencé, à savoir, par un hommage au Christ. Qu’est-ce à dire pour cela ? Entendez : parce que vous vous êtes signalé