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Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 6, 1865.djvu/75

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se sont ainsi converties, c’est toute la terre.
« Il est assis sur son trône ! » Oui, il règne, il commande. Et le Psalmiste a bien dit sur son saint trône. Car, il ne règne pas seulement, il règne aussi avec sainteté ? Qu’est-ce à dire, il règne avec sainteté ? Oui, avec pureté. Les hommes qui parviennent à la royauté, usent de leur puissance même pour commettre l’injustice ; mais sa royauté à lui est exempte de telles souillures, elle est pure, elle est sainte. Ni la tromperie, ni rien de pareil ne corrompt ni ne circonvient son tribunal qui est sans tache, qui est pur d’une rayonnante pureté, qui défie toute comparaison et qui brille d’une gloire ineffable. « Les princes des peuples se sont assemblés et unis avec le Dieu d’Abraham, parce que les puissants de Dieu sur la terre ont été extraordinairement élevés (10). »
6. Dans ce passage on nous montre tout l’essor de l’Évangile qui ne s’est pas adressé seulement aux particuliers, mais encore à ceux-là même qui portent le diadème et qui sont assis sur le trône royal. Ensuite pour nous montrer qu’il n’y a qu’un seul et même Dieu pour l’Ancien comme pour le Nouveau Testament, il est dit « avec le Dieu d’Abraham », pour : avec le Dieu de vos pères, avec celui qui leur a donné la loi. C’est pourquoi Jérémie a dit : « Je vais faire une nouvelle alliance avec vous, non selon l’alliance que je fis avec vos pères, en ce jour où je les pris par la main pour les emmener hors de la terre d’Égypte (Jer. 31,31-32) », montrant par là que l’ancienne et la nouvelle loi n’ont qu’un seul et même auteur qui est notre Dieu. Baruch lui aussi a dit : « Celui-ci est notre Dieu, on n’en comptera pas d’autre après lui. Il a trouvé toutes les voies de la science et il a guidé. son fils, et Israël, son bien-aimé ; après cela il a été vu sur la terre et a conversé avec les hommes (Bar. 3,36-38) », montrant par là que Celui qui a donné la loi est le même qui s’est fait chair et que Celui qui s’est fait chair est aussi le même qui a donné la loi. Le Prophète dit encore ceci « Ils se sont assemblés et unis avec le Dieu d’Abraham. » Le texte hébreu, au lieu de « avec le Dieu d’Abraham », porte : « Em Elôï Abraam. » Et comment cela s’est-il fait ? « Parce que les puissants de Dieu sur la terre ont été extraordinairement élevés. » Quels sont ceux qui représentent la puissance de Dieu ? Ne sont-ce pas les apôtres, s’il est vrai que de tous les hommes ils ont fait des fidèles ?[1] Puisqu’il est dit que leur puissance a brillé d’un tel éclat et qu’ils ont tout vaincu. Et c’est avec raison qu’ils sont appelés puissants. Comment ne le seraient-ils pas, eux qui ont livré bataille à la terre entière, aux démons, au diable, aux cités, aux nations, aux tyrans, aux châtiments, aux supplices, aux grils[2], aux fournaises, aux coutumes, à la tyrannie de la nature[3], qui ont tout vaincu, qui se sont élevés au-dessus de tout et n’ont été arrêtés par rien ? Comment ne le seraient-ils pas, eux qui même après leur mort ont déployé une si grande force ? Comment ne le seraient-ils pas, eux dont les paroles plus fermes que le diamant, loin de céder sous les efforts du temps, vont gagnant du terrain de jour en jour, répandant la bonne nouvelle partout, et dans toutes les directions, et jusqu’aux extrémités de la terre habitée ? Pour toutes ces choses, rendons grâces à Dieu qui aime les hommes, car c’est à lui qu’appartiennent la gloire et la puissance, et maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.


  1. Passage controversé. La traduction latine, quinam sunt autem Dei fortes, nisi apostoli, fidèles omnes ? ne rend pas le et du grec et semble ranger tous les fidèles au nombre de ceux qui représentent la puissance de Dieu.
  2. Il y a dans le texte poêle à frire. Comme il s’agit du supplice du feu, j’ai cru pouvoir y substituer le mot gril.
  3. Un manuscrit ajoute aux princes, aux rois, à la faim et à la soif, à la mort.