Page:Cicéron, Démosthène - Catilinaires, Philippiques, traduction Olivet, 1812.djvu/105

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et la plus cruelle qui fut jamais, terminée par un[1] Général en robe, par moi seul. Je me conduirai de manière qu’il n’y ait pas même, s’il se peut, un des coupables qui porte dans l’enceinte de cette ville, la peine de son crime. Ou, si la hardiesse de quelque attentat, si le danger éminent de la Patrie me force à démentir ma douceur, je ferai ce qui passe le vraisemblable au milieu de tant d’embûches secrètes ; je ferai qu’il n’en coûte la vie à pas un seul des bons Citoyens, et que le châtiment d’un petit nombre de criminels suffise pour vous sauver tous.

29. Je m’appuie, en vous promettant de si heureux succès, non sur mes soins particuliers, non sur aucune précaution humaine, mais sur de fréquens et indubitables témoignages des Dieux immortels. Ce sont eux qui m’ont conduit, et je leur dois la confiance qui m’anime. Ils agissent, non pas au loin, et pour nous secourir dans nos guerres étrangères, comme autrefois, mais ici même et pour défendre leurs temples, et nos maisons. Vous devez, Romains, les prier, leur offrir vos hommages, leur demander qu’après avoir mis cette ville dans un état si florissant, après l’avoir fait triompher de tous ses ennemis sur terre et sur mer, ils la prennent sous leur protection contre ses propres Citoyens, coupables du plus horrible attentat.


  1. Il y a en latin, me uno togato duce ; et cette circonstance de n’avoir pas quitté la robe qui se portoit en temps de paix, toga, pour prendre l’habit qui se portoit à la guerre, sagnum, paroît à Cicéron une chose si remarquable, si glorieuse pour lui, qu’il la répète un million de fois. Tout le monde sait le vers qu’il fit à cette occasion :

    Cedant arma togæ, concedat laurea linguæ.