Page:Cicéron, Démosthène - Catilinaires, Philippiques, traduction Olivet, 1812.djvu/109

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nos pères ayant mis[1] le Fondateur de Rome au rang des Dieux immortels, le Conservateur de Rome sera honoré, et de vous, et de votre postérité. J’ai éteint l’incendie prêt à consumer vos temples, vos autels, vos maisons ; et j’ai détourné, j’ai repoussé le glaive qui alloit vous égorger. Après en avoir rendu compte au Sénat, il me reste à satisfaire en peu de mots l’impatience que vous avez, Romains, d’apprendre les particularités de cette Conspiration, pour juger de quelle conséquence il étoit de la découvrir, avec quelle certitude la voilà découverte à présent, et par quels moyens elle l’a été.

3. Premièrement donc, depuis le peu de jours que Catilina s’est retiré, laissant dans Rome ceux de ses complices qui étoient à la tête du parti ; mon unique soin a été de pourvoir à vous sauver de tant d’embûches dressées avec tant de secret.

II. Je m’étois figuré qu’en le chassant, je le verrois suivi de tous les autres factieux ; ou que, s’il nous en demeuroit quelques-uns, il ne leur resteroit après la perte de leur Chef, ni courage, ni force. Je dis, au reste, que je le chassai : et bien loin d’en convenir avec peine, j’ai bien plutôt à craindre qu’on ne me fasse présentement un crime de ne lui avoir pas ôté la vie.

4. Quoi qu’il en soit, quand j’eus vu que son

  1. Il y a en latin : ad Deos immortales benevolentid, famdque sustalinnus : c’est-à-dire, nous l’avons mis au rang des Dieux, et par un effet de la bienveillance que nous avons eue pour lui, et par l’immortalité que nous avons donnée à son nom. Ainsi, en deux mots, Cicéron fait comprendre et le motif pour lequel on a déifié Romulus, et la manière dont on l’a déifié. Mais, pour dire tout-cela en français, il eût fallu alonger excessivement cette période, qui n’est déjà que trop longue.