Page:Cicéron, Démosthène - Catilinaires, Philippiques, traduction Olivet, 1812.djvu/153

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poser cette affaire tout de nouveau, et reprendre vos avis sur la punition des coupables, après que j’aurai dit là-dessus ce que je dois en qualité de Consul. Je voyois depuis long-temps, à la vérité, qu’il se préparoit des mouvemens parmi nous, et que la fureur s’emparoit de certains esprits : mais je n’avois pu me figurer que des Citoyens fussent capables d’aller si loin. Présentement, de quelque côté que vous penchiez, il faut se déterminer avant la nuit. Vous concevez l’énormité du crime : détrompez-vous, si vous y croyez peu de personnes impliquées. On ne s’imagine pas jusqu’où la contagion s’est répandue : elle n’a pas seulement infecté l’Italie, elle a passé les Alpes, et s’est sourdement glissée dans plusieurs de nos provinces. Vous n’en arrêterez pas le cours en différant, en temporisant. Quelque parti que vous preniez, il doit être prompt.

IV. Or, les deux opinions, qui jusqu’ici partagent le Sénat, sont celle de Silanus, qui condamne les coupables à perdre la vie ; et celle de César, qui, excepté la mort, les condamne à toute autre peine. Ils ont l’un et l’autre opiné, comme a convient à des personnes de leur rang, et avec toute la sévérité requise en pareil cas. Pour[1] le premier, lorsqu’il ne juge pas qu’on doive laisser un moment de vie à des scélérats, qui ont voulu ensevelir le nom Romain, anéantir notre Empire ;

  1. Silanus avoit opiné le premier, parce qu’il étoit Consul désigné. On peut voir Anlu-Gelle, liv. IV, ch. 10, sur l’ordre qui s’observoit dans le Sénat Romain.