Page:Cicéron, Démosthène - Catilinaires, Philippiques, traduction Olivet, 1812.djvu/37

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

porté à la clémence. D’un autre côté aussi, nos périls étant si grands, je ne dois point mollir ; et moi-même je me trouve déjà coupable de négligence et de lâcheté.

5. Une armée ennemie campe dans les détroits de l’Étrurie ; le nombre des rebelles augmente tous les jours ; leur Général est dans l’enceinte de nos murs ; il vient dans le Sénat même affronter nos regards ; à toute heure, et jusques dans notre sein, il forme de nouveaux projets contre nous. Que dans l’instant je vous arrête, Catilina, que je vous fasse périr : tout ce qu’il y a de bons citoyens me reprocheront, je crois, d’avoir été trop lent : et aucun d’eux, d’être trop sévère. Mais ce qui devoit avoir été fait il y a long-temps, j’ai mes raisons pour le différer encore. J’attends qu’il n’y ait pas d’homme assez méchant, assez corrompu, assez semblable à vous, pour trouver que votre mort ne soit pas juste. Tant que vous aurez donc un partisan, vous vivrez : et vous vivrez, comme vous faites, assiégé de fortes et nombreuses troupes, par qui je préviendrai le moindre de vos attentats ; il y aura, comme il y en a eu jusqu’à présent, des yeux et des oreilles, à qui, sans que vous puissiez vous en douter, rien n’échappera de toutes vos démarches.

III. Quel espoir, Catilina, vous flatteroit encore, puisque la nuit même ne peut avec ses ténèbres nous cacher vos assemblées criminelles : puisque la voix de votre Conjuration a percé les murs où vous aviez cru la renfermer : puisque tout se découvre, tout éclate ? Renoncez, croyez-moi,