Page:Cicéron, Démosthène - Catilinaires, Philippiques, traduction Olivet, 1812.djvu/45

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amis, j’évitai l’éclat, Toutes les fois, en un mot, que j’ai été personnellement votre objet, je ne vous ai opposé que mes propres forces : me doutant bien pourtant que ma perte seroit fatale à l’État. Mais aujourd’hui, c’est l’État lui-même que vous attaquez ouvertement ; vous en voulez à nos temples, à nos maisons, à nos vies ; et de toute l’Italie, vous ne prétendez en faire qu’une affreuse solitude.

12. Puis donc que je n’ose encore suivre une maxime qui fut toujours regardée comme essentielle dans notre Gouvernement, toujours suivie par nos ancêtres : je prendrai un autre parti, moins sévère, mais plus avantageux. Car enfin, si je vous livre au supplice, toute la troupe de vos confédérés nous demeure. Mais si vous partez, comme il y a long-temps que je vous y exhorte, ils vous accompagneront, et Rome n’en sera plus infectée. Quoi ! ce que vous aviez résolu de vous-même, Catilina, balancez-vous à le faire par mes ordres ? Le Consul vous enjoint de sortir de Rome à titre d’ennemi. Vous me demandez si c’est un exil dans les formes ? Je ne vous[1] exile point ; mais de vous-même, si vous me voulez croire, exilez-vous.

VI. Quel agrément pourriez-vous, en effet, vous promettre dans une ville, où, à vos complices près, il n’y a personne qui ne vous craigne, personne qui ne vous haïsse ? Par quel endroit ne vous êtes-vous pas déshonoré l Quelle infâme réputation n’avez-vous pas ? Vos yeux livrés à la volupté ; vos mains au parricide ; toute votre personne à

  1. Aussi n’étoit-il pas permis d’exiler un Citoyen. Mais il y avoit d’autres peines imposées par la loi pour quelque crime que ce fût ; et le coupable étoit maître de préférer l’exil à la peine que la loi lui imposoit. Voyez Cicéron pro Cælina, chap. xxxiv.