Page:Cicéron, Démosthène - Catilinaires, Philippiques, traduction Olivet, 1812.djvu/61

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brigand et d’assassin ; tantôt pour tendre des piéges au sommeil d’un mari ; apparemment, dis-je, ces travaux que l’on vante en vous, étoient des préparations au genre de vie que vous embrassez. Vous pourrez y faire preuve de ce grand courage à souffrir la faim, le froid, une extrême disette ; et vous y succomberez dans peu. Au moins, en vous faisant exclure du Consulat, ai-je gagné que la République seroit exposée, non pas aux violences d’un Consul, mais aux vains efforts d’un banni : et que dès-lors votre entreprise passeroit, non pour une guerre, mais pour l’attentat d’un brigand.

XI. Pour aller maintenant, Pères Conscrits, au devant des plaintes que la Patrie auroit lieu, ce semble, de former contre moi, je vous prie de redoubler ici votre attention, et de conserver le souvenir de ce que je vais dire. Supposons que la Patrie, qui m’est plus chère mille fois que la vie même ; supposons que toute l’Italie, que la République entière m’adresse à moi ce discours : « Que faites-vous, Cicéron ? Un homme qui vous est connu pour l’ennemi de l’État, qui va se mettre contre nous à la tête d’une armée, qui déjà est attendu dans le camp ennemi, qui est l’auteur et le chef d’une Conspiration, qui soulève, qui enrôle esclaves et Citoyens : vous, instruit de tout cela, vous souffrirez qu’il se retire tranquillement, et de manière à faire dire, non que vous l’avez chassé de Rome, mais que vous lui avez donné les moyens de s’y introduire plus sûrement ? Pourquoi ne pas le charger de chaînes ? Pourquoi ne pas le faire traîner au supplice ? Pourquoi ne pas l’immoler ?

28 Qu’est-ce qui vous retient ? est-ce la cou-