Page:Cicéron, Démosthène - Catilinaires, Philippiques, traduction Olivet, 1812.djvu/63

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tume de nos ancêtres ? Mais parmi eux il s’est vu souvent de simples particuliers, qui, de leur autorité privée, ont fait mourir de pernicieux Citoyens. Seroient-ce les lois qui concernent la punition des Citoyens Romains ? Mais dans Rome, tout Citoyen qui se révolte, fut toujours censé déchu de ses droits. Craignez-vous les reproches de la postérité ? Mais la crainte d’être blâmé, ou la vue de quelque autre danger que ce soit, vous fera-t-elle négliger la vie du peuple Romain ? Ah ! ce seroit bien reconnoître les grâces qu’il vous a faites, en vous élevant de si bonne heure au pouvoir suprême, après vous avoir fait passer par tous les degrés d’honneur, vous qui n’êtes connu que par vous personnellement, et qui ne tirez aucun éclat de vos ancêtres. D’ailleurs, si les jugemens du public vous épouvantent, croyez-vous qu’à être ferme et sévère, vous risquiez plus qu’à prévariquer par foiblesse et par lâcheté ? Quand la guerre désolera l’Italie, quand nos villes seront au pillage, quand le feu consumera nos maisons, est-ce qu’alors vous ne serez pas la victime d’un ressentiment général ? »

XII. À ces plaintes sacrées de la République, et à tous ceux qui pensent ainsi, je réponds en peu de mots. Si j’avois cru, Pères Conscrits, que le meilleur parti à prendre dans les conjonctures présentes, ce fut de faire mourir Catilina, je n’aurois pas laissé une heure de vie à ce gladiateur. Car enfin, puisque de grands hommes et de très-illustres Citoyens n’ont point souillé leur mémoire, mais l’ont bien plutôt ennoblie, par le sang qu’ils ont répandu et de Saturninus, et des Gracques, et de Fulvius, et de quantité d’autres plus anciens : je n’avois pas à craindre certainement, que la mort d’un parricide indignât contre moi la posté-