Page:Cicéron, Démosthène - Catilinaires, Philippiques, traduction Olivet, 1812.djvu/73

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Rome, Catilina est hors d’état de nuire. Il n’est plus qu’un ennemi déclaré, contre qui, sans que que personne s’y oppose, nous avons droit d’en venir à la voie des armes. Pour le dérouter, pour le domter pleinement, il n’a fallu que le forcer à lever l’étendard de son brigandage.

2. Quelle pensez-vous qu’ait été sa douleur de quitter Rome sans l’avoir réduite en cendres ; d’y laisser encore des Citoyens, sans les avoir passés au fil de l’épée ; de voir que nous lui avons arraché le fer d’entre les mains, avant qu’il l’ait teint de notre sang ? Toutes ses entreprises sont anéanties, toutes ses espérances confondues : et sans doute que ses regards se tournent souvent vers la proie qu’il a manquée ; vers Rome qu’il se flattoit d’engloutir, mais que je crois bien charmée d’avoir jeté hors de ses entrailles un si dangereux poison.

II. Que si pourtant il se trouve des Citoyens zélés, tels qu’ils auroient du être tous, qui jugent que j’ai eu tort de ne pas arrêter Catilina, et que mal-à-propos je triomphe ici de son évasion : sachez, Romains, que ce n’est point ma faute, mais celle des conjonctures où je me voyois. Oui, il falloit depuis long-temps, je l’avoue, lui avoir fait subir les plus rigoureux supplices ; et je sais que l’exemple de nos ancêtres, que le devoir de ma charge, que le bien public l’auroit exigé de moi. Mais combien vous figurez-vous qu’il y avoit de gens qui n’ajoutoient pas foi à mon rapport ? Combien, qui, pour n’être point assez éclairés, n’en sentoient pas les conséquences ? Combien qui cherchoient encore à défendre