Page:Cicéron, Démosthène - Catilinaires, Philippiques, traduction Olivet, 1812.djvu/85

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

que leur venin se communique plus avant. Ainsi, ou qu’ils se retirent, ou qu’ils se tiennent ici en paix, ou, s’ils ne veulent ni sortir, ni se corriger, qu’ils s’attendent à être punis comme ils le méritent.

VI. Mais d’autre côté aussi, quelques-uns publient que j’ai exilé Catilina. Pour bannir un Citoyen, s’il ne falloit que lui dire une parole, j’aurois bientôt banni quiconque tient de tels discours. Oui sans doute, Catilina est d’une modestie, d’une timidité si grande, qu’il n’a pu soutenir la voix du Consul : dès qu’on lui a parlé d’exil, il y est allé, il s’est d’abord soumis. Hier, ayant manqué d’être assassiné chez moi, je convoquai le Sénat dans le temple de Jupiter Stateur, et je rapportai tout aux Pères Conscrits. Quand Catilina se présenta, fut-il regardé, fut-il salué par quelque Sénateur ? On crut voir en lui, ne disons pas simplement un mauvais Citoyen, mais un ennemi mortel. Il voulut s’asseoir : les principaux de cette auguste Compagnie, qui étoient du côté où il alloit se placer, quittèrent leurs sièges, et mirent du vide entre eux et lui.

13. Alors, moi, ce violent Consul, dont un mot suffit pour exiler un Citoyen, je lui demandai s’il ne s’étoit pas trouvé à l’assemblée qui s’étoit tenue la nuit chez Lecca ? Tout hardi qu’il est, il n’osa me répondre, convaincu par le témoignage de sa conscience. Je continuai mon rapport. Je racontai ce qu’il avoit fait cette nuit-là ; ce que la nuit suivante il vouloit faire ; comment la guerre qu’il nous préparoit étoit toute arrangée dans son idée. Je le vis embarrassé, interdit ; et je lui demandai enfin, qu’est-ce qui arrêtoit un départ si bien médité ? Pourquoi il n’alloit pas où il