Page:Cicéron - Œuvres complètes, Garnier, 1850, tome 2.djvu/34

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Il a souffert tous ces maux, et il n’a rien fait qui démentit sa conduite passée. Il vous demande donc en grâce, Aquillius, de pouvoir remporter de votre tribunal cette réputation honorable, avec laquelle il y est venu au déclin de son âge. Que celui dont la probité ne fut jamais équivoque, ne voie pas, à soixante ans, son nom voué au déshonneur et flétri de la tache la plus honteuse ; qu’il ne soit pas donné à Sextus Névius de s’approprier la fortune d’un tel homme, comme une dépouille ennemie, et de vous arracher une sentence qui empêche que l’estime publique, après avoir conduit Publius jusqu’à la vieillesse, ne l’accompagne jusqu’au tombeau.


NOTES
SUR LE PLAIDOYER POUR P. QUINTIUS.

I. Caii Aquilii. C. Aquillius avait été nommé par le préteur Dolabella pour juger ce procès. Dans les causes civiles, le préteur jugeait par lui-même, ou désignait un juge pris dans la liste, qu’il dressait en entrant en charge, de citoyens ayant droit de siéger dans les tribunaux. Le juge, ainsi désigné, prenait pour assesseurs des jurisconsultes de son choix, qui avaient voix consultative, mais non délibérative.

II. De fortunis omnibus. Le mot fortunæ comprend ici non-seulement les biens, mais encore l’état, l’honneur et l’existence civile de P. Quintius.

Priore loco causam dicere. Cicéron est forcé de parler le premier, parce que son client est demandeur. Il est demandeur, parce qu’il attaque Névius en nullité de la saisie que celui ci prétend avoir faite de ses biens. Comment donc Hortensius est-il accusateur ? C’est que pour prouver la validité de la saisie, il accusera Publius d’avoir manqué à un ajournement, et de s’être enfui pour éviter les poursuites de son créancier.

Quum de re. La question soumise au jugement d’Aquillius se réduisait à ceci : Publ. Quintius a t-il perdu son honneur ? ou en d’autres termes : A-t-il laissé prendre défaut contre lui et saisir ses propriétés ? Le fond de l’affaire, au contraire était ceci : Publius est-il, ou non, débiteur de Névius ? C’est ainsi que les formes de la procédure influent sur le résultat d’un procès. Névius, en faisant juger d’abord la question de probro, ajournait la véritable question, celle de savoir si Publius lui devait de l’argent. S’il triomphait dans le premier débat, cette question fondamentale se trouvait préjugée en sa faveur, avant d’avoir été plaidée.

III. Atriis Liciniis. Les portiques de Licinius, atria Licinii, étaient un lieu où les crieurs publics se rassemblaient pour faire les ventes à l’encan. Turnebe veut que ces atria fussent dans le forum, et par conséquent appartinssent a la république. Desjardins, dans les Addenda à son excellent Commentaire des premiers discours de Cicéron, soutient, au contraire, et semble prouver, qu’ils faisaient partie de la maison de Licinius (sans doute Licinius Crassus). Vitruve, Vr, 8, nous apprend en effet que, dans les maisons particulières il y avait des parties réservées au seul propriétaire, et d’autres ouvertes au public. Il n’est pas étonnant que celles-ci servissent à des ventes qui rassemblaient un nombreux concours de peuple. C’était pour ces grands de Rome, dont la vie était tout extérieure et toute politique, un moyen de s’entourer de leurs concitoyens et de se populariser. Au reste, cela n’empêche pas qu’il ne pût y avoir aussi autour du forum des lieux destinés aux encans, atria auctionaria. Il est même certain qu’il se faisait des enchères aux bureaux des banquiers, dont il sera question note 14.

Ad Castoris quæsisset. La dette de Caïus avait été contractée dans les Gaules en monnaie du pays, et elle devait être acquittée à Rome en espèces romaines. Il fallait donc fixer le cours du change, et, pour cela, consulter les banquiers, argentarios, qui avaient leurs comptoirs au forum près du temple de Castor. — Ad denarium. Le denier était une monnaie d’argent valant quatre sesterces. Il est nommé ici pour désigner en général les espèces ayant cours à Rome, par opposition à celles des Gaules.

V. Res esse in vadimonium cæpit. Quand les parties ne pouvaient s’arranger à l’amiable, soit entre elles, soit par la médiation de leurs amis, elles prenaient l’engagement mutuel de comparaître, à un jour fixé, au tribunal du préteur. Cet ajournement s’appelle vadimonium. Celui qui le requiert est dit vadimonium postulare ou vadari ; celui qui le consent, vadimonium promittere. S’y rendre, ou comparaitre en justice, vadimonium sistere, vel obire ; y manquer, ou faire défaut, vadimonium deserere.

VI. Vada Volaterrana. Volaterre, ville d’Étrurie à vingt-cinq milles de la mer en allant vers Sienne, maintenant Volterra. Le territoire de cette ville s’étendait jusqu’à la mer, sur le bord de laquelle étaient des gués, ou endroits couverts d’une eau peu profonde.

Ad tabulam Sextiam. Ce Sextius était probablement un des banquiers, argentarii, dont parle Savary dans le Dictionnaire de Commerce. « Il y avait, dit-il, des espèces de banquiers chez les Romains, mais dont l’emploi