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CONTRE L. CATILINA, LIV. IV.

où, suivant Plutarque, Vie de Sertorius, il périt dix mille hommes, seulement du côté de Cinna.

X. M. Lepidus. Lépidus, père de celui qui fut triumvir avec Marc-Antoine et Octave, voulut, après la mort de Sylla, faire revivre le parti de Marius et abolir les lois du dictateur. Le sénat lui opposa Catulus, son collègue au consulat en 675. Après quelques légers combats, où Lépidus ne montra ni résolution ni talent militaire, cet homme, plus fait pour troubler l’État que pour être chef de parti, se retira en Sardaigne et y mourut. Voyez les Fragments de Salluste, liv. I, et Florus, III, 23.


LIVRE QUATRIÈME.

V. Qui se populares haberi volunt. Cicéron fait ici allusion à un ou plusieurs sénateurs qui, pour ne pas prendre sur eux la responsabilité d’un tel jugement, n’étaient pas venus à la séance. Il les punit de leur iàche faiM vse, en déclarant qu’ils ont participé aux décrets des (lux jours précédents, et que par conséquent eux-mêmes ont déjà condamné les coupables. Il leur ôte ainsi jusqu’au honteux mérite qu’ils voulaient se faire de leur absence.

Reipublicæ pænas dependisse. L’orateur parle de C. Gracchus, et pour l’intérêt de sa cause il dit que ce tribun fut tué par l’ordre du peuple. Il est vrai que le peuple ne s’opposa pas à sa mort. Caïus poursuivi par ses ennemis fuyait avec un seul esclave, et la multitude l’encourageait, lui criait de se hâter ; mais personne ne fit un mouvement pour le secourir. Il demandait avec instance un cheval ; personne ne lui en prêta. Près d’être atteint, il se fit donner la mort par son esclave, qui se tua ensuite sur le corps de son maître. Voyez Plutarque, Vie des Gracques.

VI. In carcere necatum esse dixit. L’aïeul maternel de Lucius César était Fulvius Flaccus, compagnon de C. Gracchus. Après le massacre de ses partisans, Fulvius fut trouvé dans une étuve abandonnée, avec le plus âgé de ses fils. Ils y furent tous deux mis à mort. Quant au jeune enfant dont il est ici question, envoyé avant le combat un caducée à la main, pour implorer la paix, il fut arrêté par ordre du consul Opimius, et tué sans pitié après la victoire. (Plutarque, Vie des Gracques.) Ces sanglantes exécutions n’avaient point été désapprouvées par le sénat. Le peuple même avait absous Opimius, accusé, au sortir du consulat, d’avoir tué sans jugement des citoyens romains. Cependant L. César n’a rappelé ces faits, et Cicéron n’en parle ici, que pour en conclure qu’on doit, à bien plus forte raison, sévir contre Lentulus et ses complices.

VII. Atque hæc causa conjungit. Caïus Gracchus avait attribué aux seuls chevaliers le droit de siéger dans les tribunaux. Sylla, vainqueur du parti populaire, l’avait rendu aux seuls sénateurs. De là une mésintelligence et des dissensions continuelles entre ces deux ordres. « Les guerres de Marius et de Sylla (dit Montesquieu, Gr. et Déc., chap. 15) ne se faisaient que pour savoir qui aurait le droit de rendre la justice, des sénateurs ou des chevaliers. » Aurélius Cotta, en 683, partagea ce droit entre les trois ordres, et cette transaction rétablit la concorde. Cicéron, né chevalier, s’attacha soigneusement à cultiver cette union, et à rapprocher de plus en plus les chevaliers du sénat.

VII. Scribas. Scribes, secrétaires, ou greffiers, qui transcrivaient les actes publics, les lois, les décisions des magistrats. Cette classe, quoique en général composée d’affranchis, jouissait cependant à Rome de quelque considération, puisque Cicéron, seconde Action contre Verrès III, 79, dit de ces greffiers, ordo est honestus. Voyez ce chapitre et le précédent.) Il paraît qu’ils étaient réunis ce jour-là au trésor public pour recevoir leurs honoraires (debitæ pecuniæ), et pour tirer au sort à quel magistrat chacun serait attaché l’année suivante exspectatione sortis.)

VIII. Cursum hunc otiosum vitæ suæ. Appien raconte que, pendant la séance même du sénat, les esclaves et les affranchis de Lentulus et de Céthégus, avec quelques artisans, s’attroupèrent autour des maisons où ces coupables étaient détenus, dans le dessein de les enlever. Cicéron, instruit du danger, y courut avec des troupes, pourvut à la sureté de ses prisonniers, et retourna au sénat pour presser leur jugement.

X. Quo victores revertantur. Pompée lui-même vainqueur de Mithridate et conquérant de l’Asie, rendit à Cicéron ce glorieux témoignage. Il dit publiquement qu’il aurait en vain mérité un troisième triomphe, si le consul en sauvant la république, ne lui eût conservé une patrie ou il pût triompher. Voir Cic., de Offic., i, 22.

XI. Pro provincia… repudiata. La province de Macédoine, pays riche et commerçant, était échue à Cicéron ; il la céda a son collègue Antonius, qui saisit avec empressement cette occasion de rétablir sa fortune délabrée. Certes, Cicéron n’aurait pas, comme Antonius, pillé la province ; mais il aurait eu une armée à commander, des barbares à combattre, et il aurait pu mériter le triomphe. Il eût formé en outre ces liaisons de clientèle et d’hospitalité, qui donnaient à un citoyen tant de lustre dans sa patrie, et tant de crédit chez les nations étrangères. Le gouvernement de la Gaule cisalpine lui appartenait en échange de la Macédoine. Il y renonça aussi, et le fit donner au préteur Métellus Celer.