Page:Cicéron - Œuvres complètes, Garnier, 1850, tome 2.djvu/683

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essentiel à cette cause ; c’est qu’il n’y a rien de solide, rien de suivi, rien d’assuré dans le témoignage des Grecs ; qu’il ne faut ajouter aucune foi à ce qu’ils attestent. Voici pourtant ce qu’on peut conclure de votre témoignage et de vos discours : ces peuples ont fait peut-être quelque chose pour Flaccus absent ; tandis que pour Lélius présent, qui agissait par lui-même, suivant la rigueur de la loi et le droit d’accusateur, qui de plus effrayait et menaçait de son crédit, ils n’ont rien écrit, rien scellé par complaisance ou par crainte.

XVI. J’ai vu, Romains ; que les plus petites choses conduisaient souvent à d’importantes découvertes ; c’est ce qui est arrivé au sujet d’Asclépiade. Le témoignage produit par nous était scellé avec cette craie d’Asie que nous connaissons presque tous, dont on se sert dans les dépêches publiques, et même dans ces lettres particulières que chacun de nous reçoit tous les jours des fermiers de nos domaines. Le témoin lui-même, en voyant le sceau, n’a point dit que la pièce fût fausse ; il s’est expliqué sur la légèreté de tous les habitants de l’Asie, dont nous convenons très volontiers. Ainsi la pièce qu’il dit nous avoir été donnée pour la circonstance, mais qu’il avoue nous avoir été donnée, est scellée avec de la craie ; et dans la déposition que l’on dit avoir été donnée à l’accusateur, nous voyons de la cire. Ici, Romains, si je croyais que les décrets des habitants d’Acmone, ou les registres des autres Phrygiens, eussent fait une grande impression sur vous, j’élèverais la voix, je m’expliquerais avec toute la véhémence dont je serais capable, j’attesterais les fermiers publics, je produirais les commerçants, j’implorerais même votre témoignage ; je me persuaderais que la découverte de la cire dévoile la fausseté de toute cette déposition, et prouve évidemment qu’elle est l’unique ouvrage de l’audace. Mais je ne me prévaudrai pas de ce moyen, je n’en triompherai pas avec confiance, je ne ferai pas à un personnage aussi frivole l’honneur de le traiter comme un véritable témoin ; je ne m’échaufferai point contre toute cette déposition des Acmonéens, soit qu’elle ait été forgée ici, comme tout le fait présumer, soit qu’elle ait été envoyée de chez eux, comme on le dit. Ces hommes, à qui je remets volontiers leur témoignage en notre faveur, puisque, suivant Asclépiade, ce sont des hommes légers, je ne les redouterai pas dans la déposition produite contre nous.

XVII. Je viens maintenant à la déposition des habitants de Dorylaüs ; les députés qu’on a fait paraître ont dit avoir perdu les registres de leur ville auprès des cavernes. Qu’ils étaient donc curieux d’écritures, ces bergers, quels qu’ils soient, puisqu’ils ne leur ont enlevé que des registres. Mais je soupçonne une autre cause, et nos députés de Dorylaüs sont assez rusés. Dans leur ville on inflige, à ce qu’il me parait, une peine plus rigoureuse qu’ailleurs aux falsificateurs des registres. S’ils eussent produit les véritables, il n’y aurait pas eu de charge contre Flaccus ; s’ils en eussent produit de faux, une peine les menaçait. Ils ont cru trouver un heureux expédient en disant que les registres étaient perdus. Qu’ils se tiennent donc en repos, qu’ils me laissent profiter de cette perte, et passer à autre chose. Non, ils ne le veulent pas. Je ne sais quel témoin supplée