Page:Cicéron - Œuvres complètes, Garnier, 1850, tome 2.djvu/685

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ves quoiqu’ils n’en eussent pas amené un seul. Je vois inscrit le premier parmi ceux qui ont pris part au décret, Lysanias, dont le frère a vu tous ses biens vendus par sentence, sous la préture de Flaccus, parce qu’il ne payait pas ce qu’il devait au peuple. Il est encore un Philippus, gendre de Lysanias, et un Hermobius, dont le frère Polès a été aussi condamné pour malversation publique.

XIX. Ils attestent donc avoir remis à Flaccus, et à ceux qui étaient avec lui, quinze mille drachmes. J’ai affaire à une ville très exacte, et qui tient fort soigneusement ses registres. On n’y peut remuer une pièce d’argent sans employer cinq préteurs, trois questeurs et quatre banquiers, qui, chez eux, sont créés par le peuple. De tout ce monde, ils n’ont amené personne ; et lorsqu’ils écrivent que cette somme a été remise nommément à Flaccus, ils disent avoir porté sur le registre une somme plus considérable, remise au même Flaccus pour la réparation d’un temple. Leur conduite n’est pas d’accord ; car il fallait tout porter avec les formalités requises, ou négliger partout ces formalités. Lorsqu’ils écrivent une somme remise nommément à Flaccus, ils ne craignent rien, ils oublient toute honte ; et lorsqu’ils en écrivent une autre remise comme pour un ouvrage public, les mêmes hommes redoutent tout à coup le même Flaccus qu’ils ont bravé. Si le préteur a donné la somme, comme il est écrit, il l’a reçue du questeur, le questeur l’a reçue des banquiers publics, qui l’ont prise sur les tributs ou sur les impôts. Tout ceci, Lélius, n’aura jamais l’air d’une accusation, si vous ne vous expliquez clairement sur la nature des personnes et des registres. Il est marqué dans le même décret que les plus illustres citoyens de la ville, qui ont obtenu les premières magistratures, ont été trompés par Flaccus : pourquoi ne sont-ils pas au jugement, ou ne les nomme-t-on pas dans le décret ? Je ne pense point qu’on ait voulu parler ici de cet Héraclide qui lève fièrement la tête. En effet, doit-on mettre au nombre des plus illustres citoyens un homme qu’Hermippe, ici présent, a fait condamner et conduire en prison pour dette ; un homme qui n’a pas reçu de ses concitoyens la mission de député qu’il remplit en ce moment, mais qui l’a été chercher jusqu’au Tmolus ; un homme à qui on ne décerna jamais aucune dignité dans sa ville, à qui on ne confia jamais que ce que l’on confiait aux gens les plus méprisables ; un homme qui, sous la préture de Titus Aufidius, a été constitué à la garde du blé publie, et qui, ayant reçu pour ce blé une somme d’argent du préteur P. Varinus, n’en a point parlé à ses concitoyens, et a mis la dépense du blé sur leur compte ? Lorsque cette malversation eut été découverte et connue à Temnos, par une lettre de Varinus, et par une autre, sur le même objet, de Cn. Lentulus le censeur, protecteur des Temnites, personne depuis, à Temnos, ne voulut voir Héraclide. Et afin que vous puissiez connaître toute son impudence, écoutez, je vous prie, ce qui a déchaîné ce misérable contre Flaccus.

XX. Il avait acheté à Rome du pupille Méculonius une terre dans les campagnes de Cyme. Comme il se disait riche, quoiqu’il n’eût d’autre fonds que l’impudence que vous lui voyez encore, il emprunta de l’argent à Sext. Stola, un de nos