Page:Cicéron - Œuvres complètes, Lefèvre, 1821, tome 28.djvu/105

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avec lesquels je me trouvais chez lui, il vint à parler d’une nouvelle qui faisait alors le sujet de presque toutes les conversations. Vous n’avez pas oublié sans doute, Atticus, et vous devez vous en souvenir d’autant mieux que vous fréquentiez beaucoup P. Sulpicius, vous n’avez pas oublié l’étonnement et les murmures du public, lorsque Sulpicius, alors tribun du peuple, déclara une haine mortelle au consul Q. Pompée, avec qui il avait été lié d’une amitié si étroite. Scévola, étant donc tombé sur ce sujet, nous rapporta ce que Lélius avait dit sur l’amitié devant lui et son autre gendre C. Fannius, fils de Marcus, peu de jours après la mort de Scipion l’Africain(1). J’ai retenu les principales idées de leur entretien, et je les expose ici en me permettant seulement de les revêtir de mes expressions. Je les fais parler eux-mêmes, pour éviter les répétitions de, dis-je, dit-il, et donner plus de vie au discours en mettant, pour ainsi dire, les personnages sous les yeux.

Vous m’avez souvent engagé, Atticus, à écrire sur l’amitié : un tel sujet m’a paru digne à la fois, et de la curiosité publique, et de l’intimité qui nous unit. Je me suis donc sans peine décidé, sur vos exhortations, à faire un ouvrage qui pourra être utile à plusieurs. Dans le Traité de la Vieillesse qui vous est adressé, j’ai choisi le vieux Caton pour interlocuteur, parce que personne ne m’a paru plus propre à parler de cet âge, que celui dont la vieillesse avait été si longue et si florissante. De même dans ce livre, d’après l’amitié mémorable qui exista entre P. Scipion et C. Lélius, j’ai cru devoir mettre dans la bouche de ce dernier la dissertation sur l’amitié que Scévola se souvenait de lui avoir entendu faire. Ce genre de discours, ainsi étayé de l’autorité des anciens, quand ce sont des hommes illustres,