Page:Cicéron - Œuvres complètes, Lefèvre, 1821, tome 28.djvu/245

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qui sont les vraies portes de l’âme. Si votre physionomie exprime peu de bienveillance et de prévenance, il n’importe guère que vos portes demeurent ouvertes. Les hommes, surtout quand ils s’adressent à un candidat, veulent non seulement que l’on s’engage à les satisfaire, mais que l’on s’y engage en leur témoignant autant de zèle que de considération. Il ne vous sera pas malaisé sans doute, pour tout ce que vous devez faire, de témoigner que vous le ferez avez zèle et avec plaisir ; il vous le sera davantage (et ce conseil convient moins à votre caractère qu’aux circonstances) de refuser avec grâce ce que vous ne pourrez accorder ; l’un est d’un homme bon, l’autre d’un candidat habile.

XII. Vous demande-t-on une chose que vous ne promettriez pas sans blesser l’honneur ou nuire à vos intérêts, par exemple, de plaider contre un ami ? sachez refuser avec aménité, en vous excusant sur les devoirs de l’amitié ; témoignez que ce refus vous coûte ; assurez que dans toute autre occasion vous vous en dédommagerez. Un homme qui avait porté sa cause à plusieurs orateurs, disait devant moi qu’il avait été plus agréablement refusé par l’un qu’accepté par l’autre. Ainsi l’on est plus sensible aux paroles et aux manières, qu’au service même et à la réalité. Il est possible encore de vous persuader sur ce point ; mais il reste un précepte plus difficile à faire adopter à un platonicien tel que vous ; je dois pourtant ce conseil à votre position : l’homme que vous refusez de servir, parce que vos liaisons avec ses adversaires s’y opposent, peut vous quitter sans inimitié et sans humeur ; si, au contraire, vous lui dites seulement, pour excuser votre refus, que vous êtes occupé tout entier des affaires de vos