Page:Cicéron - Œuvres complètes, Lefèvre, 1821, tome 28.djvu/323

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déesse belliqueuse, toi dont le crime redoute la lance et le bouclier terrible ; vous tous, dieux et déesses, qui avez fixé votre séjour sur le sommet du Capitole, sur ce rocher qui domine cette vaste cité, pour pouvoir non seulement l’embrasser tout entière d’un seul regard, mais encore veiller sur elle ; vous dont j’ai défendu autrefois les autels contre les attaques des citoyens impies ; vous dont j’ai sauvé les temples au péril de ma vie, en repoussant la torche funeste prête à les embraser, quand le plus célèbre monument de l’univers allait s’écrouler avec la reine des cités ; et toi, Jupiter Stator, toi dont le nom même, comme l’ont voulu nos ancêtres, promet à l’empire une éternelle durée(6) ; toi dans le temple de qui j’ai repoussé loin de nos murs l’audacieux Catilina ; toi, à qui Romulus, après avoir vaincu les Sabins, éleva un temple au pied du mont Palatin, à côté de l’autel de la Victoire : je vous en supplie, je vous en conjure, secourez à la fois la république, Rome, et ma fortune ; résistez à la fureur tribunitienne ; favorisez l’innocence, protégez un homme abandonné, prenez pitié d’un vieillard ; ne repoussez pas, ne rejetez pas loin de vous un suppliant, qui, pendant son consulat, a écarté de vos temples les flambeaux sacrilèges. Si vous avez prêté votre assistance à C. Marius, pour avoir, sur l’avenue du Capitole, exterminé les mauvais citoyens ; à P. Scipion, pour avoir détourné loin de vos autels la rage insensée d’Annibal ; enfin à Cn. Pompée, pour avoir forcé à la paix nos ennemis sur terre et sur mer, accordez-moi votre divine protection, comme vous l’avez accordée à tant d’autres dans leurs malheurs, et faites éclater, au milieu des infortunes qui m’accablent, cette puissance bienfaisante qui veille sur les mortels.