Page:Cicéron - Œuvres complètes, Lefèvre, 1821, tome 28.djvu/350

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hautement détrompés, comme fit Michel-Ange pour sa statue de l’Amour, et Muret, pour ses prétendus vers de Trabéa ; mais que comme sa ruse n’eut pas le même succès, il avait trop d’amour-propre pour avouer, surtout à son âge, un artifice inutile. Il faut cependant que les hommes qui ont le mieux étudié les détails de cette question, aient cru avoir le droit de la déclarer indécise ; car Muratori, qui a écrit en latin la Vie de Sigonius ; Argelati, l’éditeur de Milan ; Scarff, dans les Mélanges de Leipsick, 1717, osent dire encore que la Consolation n’est peut-être pas de Sigonius.

Quant à l’opinion qui attribuait l’ouvrage à Fr. Vianelli, qualifié par Riccoboni de secrétaire du sénat de Venise (a secretis illustrissimi senatus Veneti), il serait fort difficile de la soutenir. Il est vrai qu’il se chargea de faire imprimer le manuscrit ; mais les trois Lettres qui accompagnent les deux premiers Discours de Sigonius prouveraient tout aussi bien que Vianelli n’était que son complice, et l’on retomberait dans les mêmes doutes.

C’est probablement cette incertitude qui a engagé les anciens éditeurs de Cicéron à joindre cette pièce aux œuvres complètes avec ce titre : M. T. Ciceronis, si Deo placet, Consolatio. Mais cette formule dubitative est beaucoup trop timide ; nous pouvons affirmer que l’ouvrage n’est pas de Cicéron. S’ils ne voulaient pas accuser le savant de Modène, ils devaient dire, Incerti auctoris Consolatio. Ceux qui trouveront quelque intérêt à en juger par eux-mêmes, ne s’étonneront pas que Muret, dès la première page, ait reconnu la supposition.

L’auteur, quel qu’il soit, a mis à profit les trois écrits de Sénèque qui portent le même titre, Consolatio ad Helviam, ad Marciam, ad Polybium ; les deux traités de Plutarque, Παραμυθητικὸς πρὸς Ἀπολλώνιον, πρὸς τὴν ἰδίαν γυναῖκα ; et celui de Boëce, de Consolatione philosophiæ. Mais il imite surtout, comme on doit s’y attendre, l’écrivain dont il emprunte le nom, et sa déclamation n’est le plus souvent qu’un centon formé de divers lambeaux pris de tous côtés dans les ouvrages de Cicéron, et spécialement dans les Tusculanes. Il y a fait entrer avec assez