Page:Cicéron - Œuvres complètes, Lefèvre, 1821, tome 28.djvu/475

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de l’âme sont plus difficiles à guérir que celles du corps, il est aussi plus étonnant qu’elle ait été assez heureusement formée par la nature, pour que celles-ci aient cédé à son courage, et celles-là à sa sagesse. Aussi, quelque chagrin qu’elle ait eu de mes disgrâces, je ne me suis jamais aperçu qu’elle s’y soit laissé abattre ; jamais je ne l’ai vue consternée. Elle était affligée de l’exil de son père, elle voyait à regret la désolation des siens et la dissipation de leur fortune ; cependant, elle était alors l’appui de sa mère par ses conseils et par sa prévoyance, et, dans les conjonctures les plus critiques et les plus désespérées, elle n’hésitait jamais à me répondre que mon retour était prochain. Ainsi, autant j’étais affligé de tous les contre-temps qui se succédèrent alors, autant je recevais de consolation d’une fille si aimable et qui m’était si tendrement attachée. J’ai dû souhaiter pour l’amour de moi, et ce qui touche encore plus un père, pour l’amour de ma fille, de la garder plus longtemps. Mais puisque enfin je suis persuadé qu’au sortir de la prison de son corps elle est affranchie de toutes nos misères et qu’elle est allée prendre sa part de l’immortalité, je ne me tranquillise pas seulement dans cette confiance, j’en fais le principal sujet de ma joie. En effet, qu’y a-t-il de plus agréable pour moi, lorsque je pense à l’immortalité des âmes, que de m’assurer en même temps que ma fille jouit de cette vie éternelle et bienheureuse ? car il me semble qu’on ne peut pas même douter que nos âmes ne soient immortelles.

Et puisque la suite même de cet ouvrage m’a conduit à cette pensée, je trouverai quelque plaisir à examiner quelles ont été sur cette question les opinions des plus grands philosophes. Je ne m’arrêterai cepen-