Page:Cicéron - Œuvres complètes, Lefèvre, 1821, tome 28.djvu/507

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

par l’exemple qu’ils avaient donné de bien vivre et de faire du bien, la renommée, par reconnaissance, les fit asseoir dans l’assemblée céleste. Il est aisé de voir que ceux même d’entre eux que nous appelons dieux du premier rang, et un grand nombre d’autres que nous avons mis au nombre des dieux, sont partis du milieu de nous pour s’élever au ciel. Mais la plus grande preuve que ce que nous en croyons s’accorde exactement avec la vérité, c’est que le consentement unanime de tant de siècles et des hommes les plus éclairés semble être la voix de la vérité elle-même, et qu’il n’y a de lieu que le ciel qui soit propre et assorti à de si hautes vertus.

En effet, qui pourrait être assez déraisonnable pour assigner un domicile séparé de celui des dieux à des hommes que l’intégrité de leurs mœurs, leur caractère bienfaisant et leurs actions héroïques ont fait regarder comme leurs plus fidèles imitateurs ? Serait-il d’ailleurs possible, après ce qui a été dit de l’éloignement qu’ont les âmes pour les choses terrestres, et de l’ardeur qui les porte vers le ciel, que celles qui, non seulement par l’impulsion secrète de la nature, mais par une volonté réfléchie, se sont efforcées de ressembler aux esprits célestes et y ont réussi, fussent exclues du ciel ? Pour moi, il me semble qu’on les y place avec d’autant plus de justice, que leurs bienfaits ont eu plus de célébrité parmi les hommes, et que leur vertu a brillé avec plus d’éclat. Qui, par exemple, a été plus courageux, plus prudent, plus désintéressé qu’Hercule ? quels travaux n’a-t-il pas entrepris et exécutés pour signaler son courage et pour rendre service aux hommes, ou quelles peines et quelles douleurs n’a-t-il pas essuyées ? Le ciel pourrait-il être fermé à un héros à qui sa vertu a ouvert