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DE LA VIEILLESSE.

gros, et des branches si étendues. Mais les marcottes, les plants, les sarments, les racines vivaces, les provins, n’ont-ils pas de quoi faire notre amusement à la fois et notre admiration ? Et la vigne qui, faible de sa nature, rampe si elle n’a pas d’appui, voyez-vous comme, avec ses vrilles, qui semblent autant de mains, elle embrasse tout ce qui semble se présenter à elle ? Pour l’empêcher de s’épuiser en jets superflus, l’agriculteur promène habilement le fer sur ses sarments multipliés et vagabonds. Il recueille le fruit de ses soins : au retour du printemps, sur les ceps qu’il a épargnés, il voit, comme aux articulations des sarments, poindre le bourgeon où se montre bientôt la grappe. Celle-ci, fécondée par le suc de la terre et les rayons du soleil, grandit, est d’abord âpre au goût, s’adoucit ensuite en mûrissant, et, à la faveur du pampre qui la couvre, jouit d’une douce chaleur, sans être exposée à la trop vive ardeur du soleil. Quoi de plus riant, de plus beau que la vigne avec son pampre et ses raisins ? Et ce n’est pas seulement l’utile qui me plaît, comme je l’ai déjà dit, c’est aussi la nature même de la vigne, et les charmants détails de la culture, tels que les longues files d’échalas, les liens qui assujettissent le sarment, les provins, l’amputation des ceps inutiles, et la conservation des autres. Que dirai-je encore de l’art de faire des irrigations, des différents labours qu’on donne aux terres pour les rendre plus fertiles ? Parlerai-je de l’utilité des engrais ? Je l’ai fait dans mon ouvrage sur l’agriculture. Hésiode n’en dit pas un mot dans son poème sur la culture des champs. Mais Homère qui vivait, je crois, plusieurs siècles avant lui, nous représente Laërte fumant et cultivant lui-même ses domaines, pour adoucir les regrets de l’absence de son fils. Au reste, les