Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.7.djvu/119

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expliqué toutes les circonstances, j’interrogeais chaque témoin ; aussi n’est-ce pas seulement vous, qui devez nous juger, qui tenez dans votre main la chaine de tant de crimes, cette cause ne renferme rien que le peuple romain ne connaisse. Mais pourquoi vous parler de ce que j’ai fait, comme si ma volonté m’y eut porte plutôt que l’injuste conduite de mes adversaires ? Vous saviez, c’est à eux ici que je m’adresse, vous saviez que j’avais demandé cent dix jours pour aller en Sicile recueillir des renseignements, et vous m’avez arrêté en suscitant un accusateur qui n’en demandait que cent huit pour se rendre dans le même dessein en Achaie. Après m’avoir fait perdre trois mois d’un temps bien précieux(39), vous vous êtes flattés que je vous abandonnerais tout le reste de l’année, et que, lorsque j’aurais employé les heures que la loi m’accordait, je vous laisserais la liberté d’attendre que les jeux votifs et les jeux romains eussent été célébrés, pour ne me répondre qu’au bout de quarante jours, et pour que vous pussiez trainer les choses en longueur, de manière qu’au lieu du préteur Glabrion, et de la majeure partie de ses assesseurs, l’affaire fut portée devant un autre préteur et d’autres juges. Si je n’avais pas aperçu le but de ces manœuvres, si tout le monde, amis ou inconnus, ne m’eut point averti que toutes vos actions, toutes vos pensées, toutes vos démarches, tendaient à faire renvoyer la cause à l’année suivante ; et qu’enfin j’eusse voulu employer contre l’accusé le temps dont la loi me permettait de disposer(40), j’aurais eu sans doute à craindre de manquer de griefs, de paroles, de voix, de forces, et de ne pouvoir accuser deux fois un coupable, que personne n’aurait osé défendre dans la première action. Le parti que j’ai pris a obtenu l’appro-