Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.7.djvu/127

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nait pas ce que tout-à-l’heure il va voir, qu’il reste plusieurs citoyens échappés au désastre de cette malheureuse cité, qui vont déposer contre lui. Faites une seconde lecture : Comptes rendus à P. Lentulus et à L. Triarius, questeurs de Rome(52). Lisez : En exécution d’un sénatus-consulte.

Ce fut pour avoir la faculté de rendre ainsi ses comptes, que tout à coup il se fit partisan de Sylla, et non par zèle pour relever l’honneur et la dignité de la noblesse. Quand vous auriez déserté les mains vides, votre désertion n’en paraîtrait pas moins aussi criminelle que votre trahison envers votre consul est abominable. Mauvais citoyen, consul pervers, homme séditieux, tel était Cn. Carbon ; mais pour d’autres : pour vous, quand a-t-il commencé à l’être ? lorsqu’il vous eut confié la caisse, les vivres, l’armée, toutes ses ressources. Si, avant cette époque, sa conduite vous eût déplu, vous auriez fait ce qu’une année plus tard nous avons vu faire à M. Pison(53). Le sort l’avait donné pour questeur au consul L. Scipion(54) ; il ne toucha point les fonds, il ne se rendit point à l’armée(55) ; fidèle à son opinion sur les affaires publiques, il ne s’exposa point à trahir les devoirs que lui dictaient l’honneur, l’usage de nos ancêtres, le choix du sort.

XV. En effet, si l’on veut tout briser, tout confondre, notre vie ne sera plus qu’une carrière de dangers, de haines et d’amertume, alors que la décision du sort n’aura plus rien de sacré, qu’on rompra toute union d’intérêt dans la bonne et dans la mauvaise fortune(56), et que les principes et les institutions de nos ancêtres ne seront point respectés. La société voit un ennemi commun dans celui qui s’est déclaré contre les siens. Nul homme sensé n’a