Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.7.djvu/161

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abominable, mais que, puisqu’il n’avait pu couronner sa criminelle tentative, et qu’il ne devait. plus reparaître dans Lampsaque, ils auront moins à se repentir d’avoir épargné un scélérat que de n’avoir pas épargné un lieutenant. Grâce à leurs instances, cet homme, beaucoup plus coupable et plus méchant que ne fut jadis Hadrianus(111) fut assurément plus heureux. Celui-ci fut brûlé vif dans sa maison d’Utique, par des citoyens romains que son avarice avait révoltés ; et son châtiment parut si bien mérité, que tout le monde s’en réjouit, et que l’on ne fit aucune information contre ses meurtriers. Verrès, poursuivi par les flammes de nos alliés, a cependant échappé à cet incendie et au péril qui le menaçait ; et jusqu’ici il n’a pu rien imaginer qui nous expliquât comment il a fait pour s’exposer à un si grand péril, ou quel accident l’y avait poussé. En effet, il ne peut dire : « C’est en voulant apaiser une insurrection, en exigeant une contribution de blé, en levant un subside, en m’occupant enfin des intérêts de la république, que j’ai peut-être mis un peu trop de dureté dans mes ordres, dans mes réprimandes, dans mes menaces. » Quand il pourrait alléguer ces raisons, il ne serait pas encore excusable d’avoir, en exaspérant les alliés de la république par l’excessive dureté de ses commandemens, attiré sur sa tête un péril si imminent.

XXVIII. Aujourd’hui, il n’ose ni avouer la véritable cause de cette insurrection, ni en imaginer une fausse. Mais P. Tettius, l’un des hommes les plus honnêtes de son ordre, et qui alors était huissier de C. Néron(112), vous a déclaré qu’il avait entendu tous les détails de cette affaire à Lampsaque ; et un citoyen recommandable à