Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.7.djvu/173

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mais la cause qui vous a mis dans une position si terrible, vous n’en parlez pas. Si Rubrius avait commis quelque désordre de son propre mouvement, et non pas à votre instigation, pour servir votre libertinage, les habitans seraient venus vous demander justice contre ce subordonné, et non vous assaillir dans votre domicile. Les témoins que j’ai produits vous ont dit, juges, quel fut le motif de l’insurrection ; Verrès vous l’a caché ; que faut-il de plus pour confirmer mes allégations, puisque la déposition des témoins se joint ici au silence opiniâtre de l’accusé ?

XXXII. Épargnerez-vous, juges, un coupable dont les attentats sont si révoltans, que ses victimes n’ont pu, ni attendre le temps prescrit par la loi(120) pour en demander vengeance, ni contenir un moment la violence de leur ressentiment ? Vous avez été assiégé ; mais par qui ? par les habitans de Lampsaque, des barbares, sans doute, ou du moins des hommes qui méprisent le nom romain : point du tout, la nature, l’habitude, l’éducation en ont fait le peuple le plus doux ; la politique nous les a donnés pour alliés et la fortune pour sujets ; ils aiment à implorer notre protection ; en sorte qu’il est évident pour tout le monde que, si vous ne les aviez pas forcés par le plus sanglant outrage, par la violence la plus criminelle, à penser qu’il leur serait plus facile de mourir que de supporter une pareille tyrannie, ils ne se seraient jamais laissé emporter jusqu’à écouter leur haine contre votre conduite licencieuse, plutôt que leur respect pour votre caractère de lieutenant. N’allez pas, je vous en conjure par les dieux immortels, contraindre nos alliés et les nations étrangères à faire usage de cette ressource extrême, dont ils useront nécessairement, si vous ne savez les ven-