Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.7.djvu/197

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cune indication sur tes livres ? Mais les Curtius n’avaient-ils pas pris une note exacte de tous les billets qu’ils t’avaient faits ? De quoi te servait de n’avoir point inscrit ta créance ? croyais-tu que dans le procès tes registres seuls seraient consultés ?

XL. Venons enfin à cette merveilleuse préture, dont les crimes sont plus connus de ceux qui nous écoutent que de nous-mêmes, qui nous présentons si bien préparés devant ce tribunal, car, malgré tous mes soins, je ne crois pas qu’il me soit possible d’échapper au reproche de négligence. Bien des gens ne manqueront pas de dire : « Voici un fait dont il ne parle pas et que cependant mes yeux ont vu ! pourquoi garder le silence sur cette injustice faite à moi ou à l’un de mes amis ? la chose eut lieu devant moi. » Je prie donc tous ceux qui ont connaissance dès injustices de cet homme, c’est-à-dire tout le peuple romain, de vouloir bien croire que ce ne sera point par négligence que je laisserai de côté beaucoup de faits, mon intention étant d’en réserver une partie pour l’audition des témoins, et je dois en omettre un grand nombre à cause du peu de temps qui m’est accordé. J’en ferai d’ailleurs, malgré moi, l’aveu : Verrès a pris soin qu’il n’y eût aucun moment dans sa vie qui ne fût marqué par quelque mauvaise action, aussi n’ai-je pu connaître toutes celles qu’il a commises. Ainsi, dans l’énumération des crimes de sa préture, vous n’entendrez que le récit de deux espèces de méfaits relatifs les uns à l’administration de la justice, les autres à l’entretien des bâtiments(142), et encore n’exigez de moi que des détails dignes d’un accusé de cette importance, à qui il ne convient pas de reprocher de légers et médiocres délits.

Verrès donc, à peine nommé préteur, sort du lit de la