Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.7.djvu/235

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Ils se retirent ; ils reviennent le lendemain ; Chélidon leur déclare que le préteur est inexorable, vu que l’affaire, à ce qu’il dit, doit lui rapporter une somme très considérable.

LIII. Je crains que s’il est quelqu’un, dans cette assemblée, qui n’ait point assisté à la première action, il ne m’accuse ici d’inventer ; et le fait est véritablement si infâme qu’il en devient incroyable. Mais vous en avez connaissance, juges, vous avez entendu la déposition faite sous la foi du serment par P. Potilius, un des tuteurs de Junius, et celle de M. Junius, son oncle, également chargé de la tutelle. Mustius vous aurait rendu le même témoignage s’il eût vécu ; mais, à la place de Mustius, L. Domitius (178) vous a déclaré qu’il avait, dans le temps, appris le fait de la bouche de Mustius. Il savait que C. Mustius de son vivant m’en avait souvent parlé, attendu que j’étais fort lié avec lui, depuis surtout que je lui avais fait gagner un procès où il s’agissait de toute sa fortune : Domitius savait même que je n’ignorais pas que Mustius lui confiait tout ce qui l’intéressait : cependant il évita aussi longtemps qu’il put de rien dire sur Chélidon, et ne fit, à cet égard, que des réponses évasives. Telle est la pudeur de ce noble jeune homme, l’honneur de tous les Romains de son âge, que, malgré mes instances, il aima mieux se retrancher dans ses réponses vagues plutôt que de prononcer le nom de Chélidon. Il dit d’abord que des amis du préteur avaient été priés de s’interposer auprès de celui-ci ; puis, à force d’être pressé, il se détermina enfin à nommer Chélidon. N’avez-vous pas de honte, Verrès, d’avoir exercé votre préture au gré d’une femme dont L. Domitius croyait à peine que l’honneur lui permît de prononcer le nom ?

LIV. N’ayant rien obtenu de Chélidon, les tuteurs de