Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.7.djvu/243

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mettre chaque pierre à sa première place ? Vous ajoutez : l’adjudicataire donnera caution de dédommager la personne a qui le premier entrepreneur (185) avait cédé son bail. C’est sans doute une plaisanterie de contraindre Rabonius à se donner caution à lui-même. On lit plus bas : L’argent sera payé comptant. Par qui ? Par un homme qui vous a tant crié qu’il ferait pour quatre-vingt mille sesterces ce que vous avez alloué cinq cent soixante mille ! Par le pupille ? Et son âge, son état d’orphelin, vous auraient obligé de défendre ses intérêts en votre qualité de préteur, s’il n’avait pas eu de tuteurs ; mais, défendu qu’il était par ceux-ci, vous avez ravi, non pas seulement le patrimoine de cet enfant, mais jusqu’aux biens de ces mêmes tuteurs. L’édit porte encore ces mots : Que le tout soit de bons matériaux, chacun en son genre. Il n’a fallu que retailler quelques pierres et les reposer à l’aide de la machine à cet usage. Car je ne vois ici ni pierres ni matériaux à voiturer, tout s’est réduit au travail de quelques manœuvres, et à l’emploi d’une seule grue ; la dépense n’a pu en être considérable. Que croyez-vous, juges, qui soit le plus cher, d’élever une colonne toute neuve sans y employer aucune pierre qui ait déjà servi, ou d’en rétablir quatre comme celle-ci ? Personne ne doute qu’il n’en coûte beaucoup plus pour en construire une neuve. Je prouverai que de fortes colonnes toutes neuves, et voiturées de très-loin par des chemins difficiles, sont revenues seulement à quarante mille sesterces chacune : je vous citerai les maisons particulières dont elles ornent la cour : mais il est inutile d’insister sur l’impudence de Verrès, tout le monde la connaît. D’ailleurs, n’a-t-il pas mis en évidence qu’il se moquait de l’opinion publique, en terminant son édit par cette clause :