Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.7.djvu/25

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

lissement des villes, ou que la générosité de nos généraux vainqueurs(27) avaient laissés ou rendus à ses habitants, c’est encore lui qui les a tous pillés, dépouillés. Et non seulement il n’a épargné ni les statues ni les ornements des édifices publics(28), mais les temples consacrés aux plus augustes cérémonies n’ont pu échapper à sa rapacité. Enfin il n’a laissé aux Siciliens aucune de leurs divinités, pour peu qu’elles lui parussent avoir le mérite du travail ou de l’antiquité. Quant à ses honteux désordres, à ses débauches effrénées, la pudeur me défend de les retracer ici ; aussi bien je ne veux pas aggraver, par de tristes souvenirs, le malheur de ceux qui n’ont pu mettre leurs femmes et leurs enfants à l’abri des atteintes de sa lubricité(29). Mais sans doute, en commettant ces crimes horribles, il a pris soin de les dérober à tous les regards. Loin de là, il n’est personne qui, connaissant son nom, ne puisse, j’en suis sûr, raconter ses abominables forfaits : de sorte que je dois craindre qu’on m’accuse d’en omettre un grand nombre, plutôt que de lui en attribuer qu’il n’ait pas commis. Et je suis persuadé que cette foule de citoyens qui se pressent autour de nous, viennent ici moins pour apprendre de moi les faits de cette cause, que pour vérifier ce qu’ils savent déjà.

VI. Dans une pareille situation, cet homme éperdu, désespéré, se prépare à me combattre avec d’autres armes. Il ne cherche point à m’opposer un orateur éloquent ; il ne s’appuie, ni sur le crédit, ni sur l’autorité, ni sur la puissance : et s’il affecte encore de compter sur ces moyens, je pénètre ses desseins ; car il ne sait pas bien cacher ses manœuvres. Il prétend m’en imposer par de vains titres de noblesse(30), par les noms de quelques