Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.7.djvu/263

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Hortensius le corrompit, aussi bien que les autres juges. Quatre années après, en 683, Lentulus fut nommé consul avec Aufidius Orestes. Au sortir de cette éminente magistrature, en 684, l’année même du procès de Verrès, les censeurs Gellius et Lentulus Clodianus le chassèrent du sénat. Cicéron parle de Lentulus Sura comme d’un orateur qui se distinguait par l’agrément et la facilité de son débit.

(53). A M. Pison. M. Pupius Piso Calpurnianus. Quoique patricien, Cicéron nous apprend qu’il fut adopté par M. Pupius, plébéien (pro Domo sua, ch. XIII) ; que dans la poursuite de l’édilité il éprouva un refus (pro Plancio, ch. XXI) ; enfin qu’il exerça la préture en Espagne (pro Flaceo, ch. 111), où il obtint quelques avantages qui lui firent décerner l’honneur du triomphe. Il fut consul, l’an de Rome 693, avec M. Valerius Messala. Notre orateur, dans ses Lettres à Atticus, en parle comme « d’un petit et méchant esprit, un railleur chagrin qui ne laissait pas quelquefois de faire rire, plus plaisant par sa figure que par ses bons mots. Il n’est ni dans le parti du peuple, ni dans celui des grands. La république n’en doit espérer rien de bon ; il a de trop mauvaises intentions : mais aussi elle n’a point de mal à en craindre. Il n’a pas assez de courage. » Pour réduire à sa juste valeur un si étrange portrait, il faut dire que Pison était ami de Clodius, et que Cicéron écrivait ainsi à Atticus, au moment où ce même Pison faisait tous ses efforts pour laisser impuni le sacrilège commis par Clodius, dans la maison de César, pendant les mystères de la bonne déesse. Cicéron s’en vengea en contribuant alors à l’empêcher d’obtenir le gouvernement de Syrie. (Lettres à Atticus, liv.I, let. 13, 14 et 16.) Cicéron en parle avec estime comme orateur (Brutus, ch. LXIV) ; mais il devait tout à l’étude, et était fort profond dans la littérature grecque. Cicéron paraît même, dans cet endroit, louer en lui une sorte de brusque franchise ; il vante le plaidoyer qu’il fit en faveur de la vestale Fabia, sœur de Terentia, l’épouse de Cicéron, accusée d’avoir enfreint son vœu de chasteté. Le séducteur était, disait-on, Catilina. (Voyez le chapitre IV et la note 15 de la troisième Catilinaire.) Enfin, dans la troisième Philippique (ch. X), Cicéron parle de Pison comme d’un ami intime, le loue et le cite au nombre des personnages consulaires qui refusèrent les provinces qu’Antoine leur avait fait adjuger.