Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.7.djvu/317

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l’entremise de Volcatius, il tire des deux frères environ quatre cent mille sesterces(21). Vous avez déjà entendu plusieurs témoins sur ce fait. Les deux frères eurent gain de cause, mais ils se retirèrent pauvres et les mains vides.

X. Dira-t-on que Verrès n’a point reçu cet argent ? Quel moyen de défense ! est-ce sérieusement qu’on l’emploie, ou bien ne veut-on qu’en faire l’essai ? car il est nouveau pour moi. Verrès apostait les délateurs ; Verrès ordonnait de comparaître ; Verrès connaissait de l’affaire ; Verrès jugeait ; on donnait de grandes sommes d’argent ; ceux qui donnaient gagnaient leur cause. Et vous viendrez me dire dans votre défense : Cet argent n’a pas été compté à Verrès ! J’admets cette apologie ; oui, mes témoins aussi la confirment ; c’est à Volcatius qu’ils disent que l’argent fut remis. Mais quelle autorité dans Volcatius pour enlever à deux hommes quatre cent mille sesterces ? Qui lui aurait même donné une obole(22), s’il fût venu la demander de son chef ? Qu’il se présente maintenant, qu’il voie jusqu’où s’étend son pouvoir ; personne ne daignera même le recevoir dans sa maison. Je vais plus loin : je soutiens, Verrès, que vous avez reçu quarante millions de sesterces, au mépris de toutes les lois ; et je nie qu’il vous en ait été compté à vous-même un seul écu ; mais comme c’était pour vos décrets, pour vos ordonnances, pour vos jugemens, que l’argent était donné, il importe peu de savoir quelles mains recevaient, mais bien pour les injustices de qui ces sommes étaient comptées. Vos mains, c’étaient les officiers de confiance qui formaient votre entourage ; vos préfets, vos secrétaires, vos médecins, vos huissiers, vos aruspices, vos crieurs, voilà quelles étaient vos mains : plus on tenait à vous