Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.7.djvu/323

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ceux qui jugent ; que nul de nous ne peut avoir la paisible possession de sa maison, de sa terre, de l’héritage paternel, si, dès qu’un tiers vient nous les contester, un préteur malhonnête, et qui ne peut être arrêté par aucun opposant(27), choisit pour juge qui bon lui semble, et si ce juge, faible ou sans conscience, prononce conformément aux ordres du préteur. Que sera-ce donc si le préteur prescrit une formule telle, que même Octavius Balbus(28), juge si versé dans la jurisprudence, si pénétré de ses devoirs, ne pourrait décider autrement que porte la formule ? Par exemple, je suppose qu’elle soit ainsi conçue : L. Octavius sera juge ; s’il appert que la terre de Capene, objet du litige, appartient à P. Servilius par le droit quiritaire, et que cette terre ne soit pas restituée à Q. Catulus… N’est-il pas évident que Lucius Octavius se verra forcé, ou de contraindre P. Servilius à restituer la terre à Q. Catulus, ou de condamner celui qui aurait dû gagner sa cause ? Voilà d’après quelle jurisprudence les tribunaux furent dirigés dans la Sicile, pendant les trois années de la préture de Verrès. Voici ses ordonnances : S’il n’accepte pas ce que vous dites lui devoir, accusez-le en justice ; s’il accepte(29), menez-le en prison. C’est ainsi qu’il a agi envers C. Fuficius, envers L. Suetius et L. Racilius. En formant ses tribunaux, il choisissait pour juges des citoyens romains, dans les procès qui regardaient les Siciliens, et quand des Romains se trouvaient en cause, c’était de Siciliens qu’il composait le tribunal. Ainsi ni les uns ni les autres n’étaient jugés d’après leurs lois.

XIII. Pour que vous puissiez vous faire une idée générale de sa manière d’administrer la justice, je vais vous rappeler d’abord le droit qui régit les Siciliens ; vous con-