Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.7.djvu/329

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grand prix. Qui ne connaît la passion ou plutôt la fureur de notre homme pour tous ces objets ? Il n’était bruit que de la riche succession échue à Heraclius ; on disait qu’Heraclius allait devenir non-seulement riche en argent comptant, mais amplement fourni de meubles, d’argenterie, de tapisseries et d’esclaves. Verrès l’apprend, et d’abord il essaie envers Heraclius une petite ruse qui lui est ordinaire. Il lui demande pour les voir tous ces objets qu’il ne lui rendra pas. Mais bientôt deux Syracusains lui donnent un bon avis. C’étaient deux amis intimes de Verrès, qui n’a jamais pensé que leurs femmes lui fussent étrangères, Cléomène et Æschrion, qui, grâce à cette honteuse complaisance, avaient tout pouvoir sur son esprit, comme vous l’apprendrez dans la suite de cette accusation. Ils allèrent donc tous deux remontrer à notre homme que cette succession était une excellente affaire, qu’il n’y manquait rien, que d’ailleurs Heraclius, fort âgé et très-peu actif, n’avait, excepté les Marcellus, aucun patron dont il pût invoquer l’appui ; qu’une des clauses du testament portait que l’héritier élèverait des statues dans le gymnase : « Nous nous arrangerons, lui dirent-ils, pour que les inspecteurs déclarent que les statues n’ont point été placées conformément au testament, et pour qu’ils demandent que l’héritage soit confisqué au profit du gymnase. » L’expédient plut à Verrès ; car il prévoyait qu’une succession de cette importance étant contestée et revendiquée en justice, il serait impossible qu’il ne lui en revînt pas quelque butin. Il approuve donc leur projet, il les engage à mettre aussitôt la main à l’œuvre, et à attaquer le plus brusquement possible un homme de cet âge et d’un caractère si peu processif.

XV. Heraclius reçut donc une assignation : d’abord