Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.7.djvu/349

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ville, dans quel temple êtes-vous entré, où vous n’ayez à l’instant rendu la place nette en en balayant les richesses ? Oui, que partout on institue des Verrea, puisqu’elles rappellent avec votre nom la rapacité de vos mains et la scélératesse de votre caractère ?

XXII. Voyez, juges, avec quelle facilité se propagent l’injustice et l’habitude de s’y livrer, et combien il est difficile de la réprimer. Bidis est une ville fort peu considérable, non loin de Syracuse. Le premier citoyen de cette ville est sans contredit Épicrate. Une succession de cinq cent mille sesterces(46) lui avait été léguée par une de ses parentes, qui lui était si proche que, fût-elle morte sans avoir fait de testament, Épicrate eût encore hérité d’après les lois de Bidis. L’affaire de Syracuse, dont je viens de parler, était encore toute récente : on savait qu’Heraclius n’aurait point perdu sa fortune, s’il ne lui fût point échu d’héritage. Un héritage venait aussi d’échoir à Épicrate, ainsi que je l’ai dit. Ses ennemis s’imaginèrent qu’ils pourraient le dépouiller de ses biens, avec l’aide du même préteur qui avait facilité la spoliation d’Heraclius. Ils dressent secrètement leurs batteries ; les émissaires de Verrès sont mis en jeu, et il est convenu avec lui que les administrateurs du gymnase de Bidis réclameront la succession, comme avaient fait les gymnasiarques de Syracuse. Nous n’avons jamais vu de préteur si bien porté pour les gymnases ; mais, en prenant fait et cause pour les athlètes, il s’arrangeait de manière à partager l’huile avec eux(47). Dans cette occasion, il eut la prévoyance de faire compter préalablement quatre-vingt mille sesterces(48) à un de ses amis. La chose ne fut pas tenue assez secrète : Épicrate en fut informé par un de ceux qui étaient présens. D’abord il méprisa cet avis,