Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.7.djvu/381

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fixer l’attention et charmer les regards. Sthenius, on le sait, dès sa première jeunesse, avait, trop curieusement peut-être, rassemblé des meubles artistement travaillés en airain, à Délos et à Corinthe, des tableaux et même de la vaisselle d’argent assez belle, sans doute, pour un homme qui ne pouvait avoir que la fortune d’un Thermitain. Voyageant donc fort jeune en Asie, il s’était fait un plaisir, comme je l’ai dit, de faire ces acquisitions, moins pour son agrément particulier, que pour recevoir d’une manière plus honorable ceux de nos Romains qui pouvaient être invités, ou se présenter chez lui à titre d’hôtes ou d’amis. Verrès enleva tout, en empruntant, en demandant, ou en dérobant ; et Sthenius contint du mieux qu’il put son déplaisir. Ce n’était pas sans beaucoup souffrir intérieurement qu’il voyait une maison aussi richement meublée, aussi bien ornée que la sienne, ainsi dépouillée par une main qui n’y avait laissé que les murailles. Cependant il ne faisait part de ses chagrins à personne : Verrès était préteur, il était son hôte ; Sthenius croyait que ce double titre lui commandait la résignation et la patience. Notre homme emporté par la manie que vous lui connaissez, et que personne n’ignore, avait vu dans la place de Thermes quelques belles statues antiques ; il pria Sthenius de lui aider à les enlever. Sthenius non-seulement lui refusa un tel service, mais lui déclara qu’il était impossible que ces antiques statues, monumens de Scipion l’Africain, fussent enlevées de Thermes tant que cette ville subsisterait, et que l’autorité du peuple romain serait respectée.

XXXV. Il faut ici que, pour faire contraste, vous con-