Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.7.djvu/409

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juger quel homme vous avez choisi pour en faire un exemple, que l’atrocité de la persécution et la dignité de la victime rendissent encore plus odieux et plus révoltant aux yeux de tout le monde.

XLVI. Est-ce le même Sthenius qui, après avoir obtenu avec la plus grande facilité toutes les magistratures de sa patrie, les a remplies de la manière la plus brillante et la plus honorable ? qui, citoyen d’une ville peu considérable, l’a décorée, à ses frais, de vastes édifices et de monumens ? Est-ce le même dont la reconnaissance des Thermitains et de la Sicile entière a récompensé les généreux services en plaçant dans la salle du sénat une table d’airain sur laquelle la reconnaissance publique avait fait inscrire et graver ses bienfaits ? Cette table fut alors enlevée par vos ordres. J’ai eu soin de la faire transporter à Rome (79), afin que tout le monde pût connaître quels hommages il avait reçus de ses compatriotes. Est-ce le même qui, accusé devant l’illustre Cn. Pompée d’avoir, par attachement pour C. Marius, son hôte et son ami, professé des sentimens contraires aux intérêts de la république, délit que lui imputaient ses ennemis avec plus de malveillance que de vérité, fut si complètement absous par Cn. Pompée, que ce grand homme, pendant le procès même, le jugea digne d’être son hôte ? Oui, il fut si bien préconisé, défendu par tous les Siciliens, que Pompée put croire qu’en l’acquittant il gagnerait l’affection, non pas seulement d’un individu, mais de toute la province. Enfin, est-ce le même qui s’est toujours montré si fidèle à la république, et qui jouit parmi ses concitoyens d’une si grande autorité, que, seul en Sicile, sous votre préture, il a fait ce que non-seulement aucun Sicilien, mais la Sicile entière n’avait pu faire ? Oui, grâce à lui, la ville