Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.7.djvu/451

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statue, il faut que vous en fassiez l’aveu : oui, vous vous êtes servi du prétexte de ces statues pour lever sur votre province des contributions par violence et par crainte : choisissez.

LXII. Pour moi, je vous ferai bien volontiers grâce de toute cette accusation, pourvu que vous conveniez (et ce que je vous propose n’a rien de honteux pour vous) que c’est volontairement et dans l’intention de vous honorer que les laboureurs se cotisèrent pour votre statue. Accordez-moi ce point, et tout votre système de défense va s’écrouler. Car on ne pourra plus dire que les laboureurs sont irrités contre vous, sont vos ennemis. Position étrange ! cause désespérée et impossible à défendre ! Un accusé, et un accusé qui a été préteur en Sicile ne peut accepter l’avantage que lui offre son accusateur ! Il ne peut affirmer que les laboureurs lui ont élevé volontairement une statue, que les laboureurs ont de l’estime pour lui, qu’ils sont ses amis, qu’ils désirent le voir absous ! Il craint que vous ne puissiez le penser, car le témoignage des laboureurs l’accable. Je prends donc ce qu’il m’abandonne, et je conclus que vous ne pouvez vous empêcher de juger que si les laboureurs, malgré la haine qu’ils lui portent (car enfin il faut l’en croire), ont donné de l’argent pour lui ériger des monumens honorables, ils ne l’ont pas fait volontairement. La preuve en est facile : choisissez qui vous voudrez parmi les témoins Romains ou Siciliens que je produirai ; prenez celui que vous croirez votre plus grand ennemi, qui se plaindra d’avoir été entièrement dépouillé par vous ; demandez-lui s’il a contribué individuellement pour votre statue. Vous ne trouverez personne qui le nie, car tous ont contribué. Comment voulez-vous que l’on suppose