Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.8.djvu/171

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après qu’on eut vu s’éloigner ce fléau dévastateur des campagnes, il ne s’est trouvé personne qui se soit remis de son propre mouvement à la culture. Il n’en était resté qu’un petit nombre, qui, cédant à l’influence de Metellus, sont retournés dans leurs champs et au milieu de leurs dieux domestiques. Homme audacieux et insensé, ne voyez-vous pas que cette lettre est pour vous un arrêt de mort ? Ne voyez-vous pas que lorsque votre successeur, en parlant des laboureurs, ajoute ceux qui restent, il dit éloquemment que ces restes sont échappés non pas à la guerre ni à quelque autre fléau de cette espèce, mais à votre scélératesse, à votre despotisme, à votre avarice, à votre cruauté ? Greffier, continuez la lecture. Toutefois autant que le permettaient la difficulté des temps et le manque de laboureurs. Vous l’entendez, il dit le manque de laboureurs ! Si, tout accusateur que je suis, je revenais aussi souvent sur la même chose, je craindrais, juges, de vous indisposer. Mais Metellus crie hautement : Si je n’avais écrit ! Ce n’est pas assez : Si je n’avais assuré de vive voix ! Il ne s’en tient pas encore là : Ce qui restait de cultivateurs, dit-il. — Ce qui restait ! Quelle lugubre expression ! comme elle peint le désastre de la province ! Et, de plus, il ajoute : Le manque de laboureurs.

LV. Attendez encore, juges, attendez, si vous le pouvez, les preuves de mon accusation. Je dis que les laboureurs ont été dispersés par la cupidité de Verrès ; Metellus écrit qu’il a rassuré ceux qui restaient. Je dis que les champs ont été désertés, les exploitations abandonnés ; Metellus écrit qu’il y a manqué de cultivateurs. Écrire ces mots, n’est-ce pas démontrer que les alliés et les amis du peuple romain ont été dépossédés, expulsés, chassés de leurs propriétés ? S’il leur fût arrivé quelque mal