Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.8.djvu/173

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par la faute de Verrès, sans que nos revenus en eussent souffert, vous ne pourriez encore vous dispenser de sévir contre lui, surtout si vous le jugiez d’après les lois établies en faveur de nos alliés. Mais, lorsque par la ruine et la désolation de nos alliés les revenus de l’état ont souffert une grande diminution, lorsque les approvisionnemens de blé, les vivres, les ressources, l’existence même de Rome et de nos armées, ont, à cause de son avarice, été compromis pour une longue suite d’années, que du moins les intérêts du peuple romain vous occupent, si les alliés les plus fidèles n’excitent point votre sollicitude ! Et, pour qu’il ne vous reste aucun doute qu’il a sacrifié au lucre, à la proie du moment, nos revenus et ceux des années subséquentes, écoutez ce que Metellus écrit à la fin de sa lettre : J’ai pourvu aux revenus de l’état pour l’avenir. Il dit qu’il a pourvu pour l’avenir aux revenus de l’état. Aurait-il écrit qu’il avait pourvu aux revenus de l’état, s’il n’avait pas voulu montrer que vous les aviez anéantis ? Quelle raison Metellus aurait-il eue de pourvoir à la rentrée des tributs pour la dîme, et à ce qui concerne les approvisionnemens, si Verrès, par ses gains illicites, n’avait pas compromis cette partie de nos revenus ? Mais, quand Metellus lui-même cherche à assurer nos revenus, à recueillir ce qui restait de laboureurs, quel résultat peut-il obtenir, sinon de ramener à la culture ceux qui le peuvent, ceux à qui Apronius, le satellite de Verrès, avait du moins laissé une charrue, et qui cependant ne sont restés dans leurs terres que parce qu’ils attendaient Metellus, et qu’ils espéraient en lui ? Et tous les autres Siciliens, et cette multitude infinie de laboureurs qu’on a fait déserter non-seulement leurs campagnes, mais encore les villes, et qui, après s’être vu enlever leurs biens-fonds et