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SOMMAIRE.

moderne, mais qui, sans doute pour des auditeurs romains, n’avaient rien de contraire aux convenances.

Après avoir exposé les actes d’oppression envers les particuliers, l’orateur arrive aux vexations qui tombaient sur des populations entières. Il dissimule la monotonie de cette longue série de griefs en mêlant à ses récits des ornemens de détails d’autant plus agréables qu’ils ressortent du fonds même du sujet. Ainsi, par le plus ingénieux rapprochement, il compare au faste et à la dissolution des monarques persans la conduite de Verrès prodiguant à deux femmes perdues les revenus d’une ville entière. Dans le chapitre XXXV on trouve un morceau très-énergique sur la tyrannie de Sylla, etc.

Tant d’abus de pouvoir dans la levée de l’impôt n’avaient tourné qu’au profit de Verrès, et nullement à celui du peuple romain : c’est ce que Cicéron s’attache à faire sentir. Il reproche à l’accusé la ruine et la dépopulation de la Sicile, et lui oppose les mesures conservatrices prises par Metellus, successeur de Verrès, pour remédier à tous ces maux. Il rappelle les accusations publiques qui avaient été intentées aux agens de l’odieux préteur, pendant le cours de sa magistrature, au sein même de la Sicile ; puis il termine par les réflexions les plus sévères sur la corruption et les mauvais exemples dont Verrès a entouré la jeunesse de son fils.

La seconde partie concerne le blé acheté. Il y avait deux sortes de blé acheté : la première était comme une seconde dîme, que les Siciliens étaient obligés de vendre à l’administration romaine au prix fixé par le sénat ; la seconde espèce de blé acheté consistait en huit cent mille boisseaux, dont le prix était également déterminé par le sénat. Les lois Terentia et Cassia avaient réglé la matière. L’orateur raconte les déprédations de Verrès sur cet article, et s’élève principalement contre les gratifications scandaleuses qu’il avait accordées à ses agens et à ses greffiers aux dépens de la Sicile et du peuple romain (du chap. LXX au chap. LXXX).

Quant au blé estimé, qui fait l’objet de la troisième partie de ce discours, c’était le grain que la province devait fournir, soit en nature, soit en argent, au préteur pour l’approvisionnement de sa maison. Verrès ne s’était pas montré plus délicat sur cet objet que sur tous les autres ; il avait porté à douze sesterces par boisseau l’estimation du blé, que la loi fixait à trois sesterces. En vain Hortensius alléguait que Verrès n’avait fait que suivre l’exemple d’autres