Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.8.djvu/285

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

alliés. Ce n’est pas assez. Beaucoup d’autres en ont fait autant : renvoyez-les encore absous, tous tant qu’ils sont ; et par un seul jugement déchargez une foule de coupables. Ce n’est point assez ; faites qu’à l’avenir la chose soit permise à leurs successeurs, et elle deviendra légale. C’est peu encore ; autorisez tout préteur à estimer les grains au taux qu’il jugera convenable, et il ne manquera pas d’user du privilège. Vous le voyez clairement, juges, l’estimation faite par Verrès une fois approuvée par vous, il n’y aura plus à l’avenir de limites pour la cupidité des magistrats, ni de châtimens pour leurs malversations. À quoi songez-vous donc, Hortensius ? Vous êtes consul désigné ; déjà le sort vous a assigné une province : lorsque vous parlerez de l’estimation du blé, tous vos argumens pour justifier la conduite de Verrès, nous les prendrons comme une déclaration de ce que vous vous proposez de faire vous-même, et comme l’aveu tacite de votre désir ardent de rendre pour vous licite ce que vous prétendez avoir été permis à Verrès. Mais, si de tels actes sont licites, soyez sûr que, quelque malversation qui se commette, personne désormais ne pourra plus être condamné comme concussionnaire. Oui, quelque somme qu’il puisse convoiter, il sera licite pour tout magistrat de l’obtenir tout entière, sous prétexte de l’approvisionnement de sa maison, et au moyen d’une estimation exagérée.

xx XCVI. Il est une chose que, dans la défense de Verrès, Hortensius ne dit pas ouvertement, mais qu’il énonce de manière à vous laisser entrevoir que cette affaire intéresse le sénat, qu’elle intéresse également ceux qui siègent dans les tribunaux, et ceux qui ont l’espoir d’être envoyés un jour dans les provinces avec un