Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.8.djvu/287

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

commandement ou une lieutenance. Admirable estime en vérité que vous faites de nos juges, si vous pensez qu’ils autoriseront par leur indulgence les méfaits des autres, pour se ménager l’impunité à eux-mêmes ! Nous voulons donc que le peuple romain, que les provinces, que les alliés, que les nations étrangères, demeurent convaincus que, tant que les sénateurs occuperont les tribunaux, ce moyen d’extorquer aux alliés, contre toutes les lois, des sommes immenses avec tant de violence et d’audace, ne pourra, dans aucun cas, trouver son châtiment. S’il en est ainsi, que pouvons-nous répondre à ce préteur qui tous les jours occupe la tribune (89), et répète sans cesse que c’en est fait de la république, si l’on ne rend pas le pouvoir judiciaire à l’ordre équestre ? Que s’il s’attache seulement à prouver qu’il existe un genre de malversation commun à tous les sénateurs, presque autorisé pour leur ordre, et qui consiste à lever d’énormes contributions en argent sur les alliés, sous le plus odieux prétexte, une exaction enfin dont on ne peut obtenir aucune justice dans les tribunaux composés de sénateurs, et dont on n’avait jamais d’exemple, lorsque l’ordre équestre était en possession de la judicature, qui osera dire le contraire ? Quel homme trouverez-vous assez dévoué à vos intérêts, assez partisan de votre ordre, pour ne pas consentir à ce que l’administration de la justice passe en d’autres mains ?

xx XCVII. Et plût aux dieux que Verrès, pour se défendre sur cet article, pût trouver des raisons sinon vraies, du moins spécieuses, et qui fussent autorisées par l’usage ! Vous prononceriez avec moins de risque pour vous-mêmes, juges, avec moins de danger pour nos provinces. Il nierait avoir usé de ce mode d’estimation ; vous paraîtriez avoir cru ses paroles, et non pas avoir approuvé ses