Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.8.djvu/33

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Hortensius, qu’on puisse voir sans indignation que cet homme, riche des trésors par lui extorqués en tous lieux, brave impunément les lois, et nage dans l’abondance ? que sa vaisselle d’argent, ses statues, ses tableaux, décorent et vos palais, et le forum, et les comices (3), bien que cependant, grâce à vos prouesses, vous soyez abondamment pourvu de tous ces objets ? Quoi ! Verrès embellira de ses rapines vos maisons de plaisance ! Verrès sera mis en parallèle avec L. Mummius, pour avoir pillé plus de villes alliées que ce général n’a conquis de villes ennemies, pour avoir embelli plus de maisons de campagne avec les ornemens enlevés dans les temples, que l’autre n’a décoré de temples avec les trophées de ses victoires ! Et voilà l’homme que vous n’affectionnez si tendrement que pour que les autres préteurs en soient plus disposés à servir vos passions, au risque de se perdre eux-mêmes !

V. Mais nous reviendrons plus tard sur cette matière : c’en est assez pour le moment. Nous allons passer à d’autres délits. Auparavant permettez-moi, juges, de vous adresser une seule prière. Dans toute ma précédente plaidoirie, nous avions mille moyens de fixer votre attention, et nous en éprouvâmes une vive reconnaissance ; mais elle sera plus vive encore si vous voulez bien me continuer la même faveur. Jusqu’ici la diversité des faits et la nouveauté des crimes ont pu répandre une sorte d’agrément sur la cause. Maintenant nous allons parler de l’affaire des grains. Les malversations de Verrès en ce genre surpassent, il est vrai, tout ce que vous avez entendu, mais présentent beaucoup moins d’intérêt et de variété. Il est digne de votre gravité et de votre sagesse, juges, de ne pas moins nous prêter votre attention par devoir que