Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.8.djvu/369

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vous eussiez promis à plusieurs une semblable restitution, depuis qu’il eut déclaré dans sa déposition que vous aviez effectué votre promesse à son égard, vous avez cessé de rendre, parce que vous avez senti que ce serait lâcher votre proie en pure perte, et sans fermer la bouche aux témoins. Tous les préteurs avaient permis à Cn. Calidius d’avoir une argenterie richement travaillée ; il pouvait sans crainte, lorsqu’il invitait un magistrat du quelque personnage éminent, décorer sa table de ces objets d’un luxe domestique. Maints fonctionnaires revêtus de l’autorité ont été reçus dans sa maison : il ne s’en est pas rencontré un seul assez follement avide pour enlever à Calidius une argenterie aussi précieuse que renommée ; nul n’a été assez hardi pour la demander, assez impudent pour exiger qu’on la lui vendît.

En effet, juges, quelle insolence despotique, insupportable ! Un préteur, dans sa province, pourra dire à un homme honorable, riche et vivant avec splendeur : Vendez-moi vos vases ciselés. N’est-ce pas lui dire : Vous n’êtes pas digne de posséder d’aussi belles choses, elles sont faites pour un homme comme moi ? Un homme comme vous, Verrès ! Vous vous croyez donc plus que Calidius ? Je n’établirai point ici entre vous deux, pour la conduite et la réputation, un parallèle qui ne serait pas admissible ; je ne parlerai que du titre sur lequel vous fondez votre prétendue supériorité. Vous avez remis aux distributeurs quatre-vingt mille sesterces pour être proclamé préteur (47) ?  ; vous en avez donné trois cent mille pour acheter le silence d’un accusateur : est-ce donc une raison pour mépriser l’ordre équestre, pour le regarder d’un œil dédaigneux, et pour trouver mauvais qu’une chose qui vous plaisait