Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.8.djvu/419

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d’une ville qu’il a rendue puissante, illustre, immortelle ; j’y prétends d’autant plus que, pour ma part aussi, je pratique, autant qu’il est en moi, les hautes vertus dont il fut le modèle, l’équité, la tempérance, l’activité, la défense des infortunés, la haine des méchans. Cette conformité de sentimens et d’actions ne nous unit peut-être pas l’un et l’autre par des liens moins étroits que la communauté de nom et de race dont vous êtes si fiers.

XXXVIII. Je vous redemande, Verrès, le monument de Scipion l’Africain. Il ne s’agit plus ici de la cause des Siciliens ; non, non, que le tribunal ne s’occupe plus de vos concussions ; oublions les forfaits dont se plaignent les Ségestains ; mais aussi que le piédestal de Scipion l’Africain soit relevé, qu’on y grave le nom de cet invincible capitaine, et que l’admirable statue reprise par lui dans Carthage soit remise en sa place. Ce n’est point le défenseur des Siciliens, ce n’est point votre accusateur, ce ne sont point les Ségestains qui le demandent en ce moment, c’est un citoyen qui s’est imposé la tâche de venger Scipion l’Africain, de défendre et de conserver sa gloire. Je ne crains pas de voir P. Servilius, un de nos juges, désapprouver mon zèle. Lui qui, après avoir exécuté de si grandes choses, se montre jaloux d’en perpétuer le souvenir par des monumens, il veut sans doute les mettre sous la garde, non-seulement de ses descendans, mais de tous les hommes courageux, de tous les bons citoyens, et les soustraire à la rapacité des méchans. Pour vous, Q. Catulus, qui avez élevé le monument le plus auguste et le plus magnifique de l’univers, je ne crains pas que vous désapprouviez que les autres monumens trouvent