Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.8.djvu/421

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

beaucoup de défenseurs, et que tous les hommes estimables se fassent un devoir de protéger la gloire des grands hommes.

Sans doute les autres brigandages de Verrès me révoltent ; mais je n’y vois que la matière d’une accusation ordinaire. Ici mon cœur est pénétré de la plus vive douleur : non, je ne conçois rien de plus indigne, rien de plus intolérable. Verrès et l’Africain ! quel rapprochement ! Ainsi donc les trophées de Scipion décoreront une maison consacrée à l’adultère, à la débauche, à tous les vices ! Ainsi le monument du plus sage et du plus religieux des hommes, l’image de la chaste Diane, sera placée dans ce réceptacle journalier de prostituées et d’infâmes corrupteurs !

XXXIX. Ce monument de Scipion est-il le seul que vous ayez profané ? N’avez-vous pas enlevé pareillement aux Tyndaritains un Mercure d’un travail admirable, qu’ils tenaient aussi de la bienfaisance de ce grand homme ? Et de quelle manière vous en êtes-vous emparé, grands dieux ! avec quelle audace, quelle tyrannie, quelle impudence ! Dernièrement, juges, vous avez entendu les députés de Tyndaris, hommes pleins d’honneur, et les premiers de leur ville, vous dire que ce Mercure était le principal objet de leur culte ; qu’ils l’honoraient par des fêtes annuelles ; que Scipion, après la prise de Carthage, l’avait donné aux Tyndaritains, non seulement comme un monument de sa victoire, mais comme le gage de leur fidélité et de leur alliance ; et que néanmoins ce don leur avait été ravi par la violence, la scélératesse et la tyrannie. Dès le premier jour de son arrivée dans Tyndaris, dès le premier moment, et comme