Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.8.djvu/427

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détaché de la statue de C. Marcellus, déjà roide et presque mort de froid.

XLI. Il me serait impossible, quand je le voudrais, de mettre un certain ordre dans mes accusations : le talent ne suffirait pas ; il faudrait pour cela un art tout particulier. Au premier coup d’œil on ne voit, dans l’affaire du Mercure de Tyndaris, qu’un seul chef d’accusation ; et moi-même je ne vous la présente pas autrement. Cependant il y en a plusieurs ; mais le moyen de les diviser, d’en bien faire la distinction ? Je l’ignore. Il y a concussion, puisque Verrès a volé à nos alliés une statue de grande valeur ; péculat, puisque cette même statue, qu’il a fait enlever d’autorité, appartenait au peuple romain comme faisant partie du butin pris sur nos ennemis, et qu’elle avait été replacée dans Tyndaris au nom d’un de nos généraux ; lèse-majesté, puisque c’est un monument de nos conquêtes et de la gloire de notre empire qu’il a osé abattre et faire disparaître ; sacrilège, puisqu’il a profané ce que la religion a de plus sacré ; barbarie, puisqu’il a fait subir à un innocent, l’allié, l’ami de la république, un supplice jusqu’alors inouï, et que sa cruauté seule pouvait inventer.

Mais il en est un que je ne puis définir ni qualifier ; c’est l’attentat qu’il s’est permis sur la statue de C. Marcellus. Quelle était votre idée, Verrès ? Est-ce parce que Marcellus était le protecteur des Siciliens ? Eh bien ! me direz-vous (69), qu’importe ce titre ? — Devait-il donc être pour ses cliens et ses hôtes une sauve-garde ou un instrument de supplice ? Peut-être vouliez-vous montrer qu’il n’y avait point de patronage qui pût mettre à l’abri de votre tyrannie. Qui ne sait que l’autorité d’un scélérat, alors qu’il est présent, a plus de force que la pro-