Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.8.djvu/447

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concitoyens, que le temple de Junon a été spolié par lui, que Verrès n’a rien laissé dans cette demeure sainte et révérée ; qu’un lieu où des flottes ennemies ont souvent abordé, où les pirates hivernent presque tous les ans, un lieu que nul brigand avant lui n’avait profané, nul ennemi n’avait insulté, lui seul l’a tellement dépouillé, qu’il n’y reste absolument rien. Encore une fois, voyez-vous dans cet homme un accusé ; en moi un accusateur ; dans cette affaire un jugement à porter ? Ici les crimes sont avérés ; il ne s’agit plus de simples soupçons : des dieux enlevés, des temples saccagés, des villes dévastées, voilà ce que vous avez sous les yeux. Pour lui, nul moyen de nier, nul moyen de se justifier. Il n’est pas un seul fait sur lequel, moi, je ne le confonde, les témoins ne le convainquent, ses propres aveux ne l’accablent. De toutes parts le jour de l’évidence éclaire ses attentats ; et cependant il demeure ici, et il fait tout bas avec moi l’énumération de ses crimes.

Mais c’est trop m’arrêter sur une seule espèce de crime. Je sens, juges, qu’il est temps de prévenir le dégoût et l’ennui : j’omettrai donc beaucoup de faits. Renouvelez seulement toute votre attention pour ce qui me reste à dire, je vous en conjure au nom des dieux immortels, de ces mêmes dieux dont j’ai pour objet de venger le culte outragé. Je vais mettre sous vos yeux une action qui a soulevé la province entière. Peut-être trouverez-vous que je reprends les choses d’un peu loin ; mais, si je remonte jusqu’à l’origine du culte établi en Sicile, daignez m’excuser ; l’importance du fait ne me permet pas de passer légèrement sur un sacrilège si horrible.

XLVIII. Une vieille tradition, appuyée sur les écrits et les monumens les plus anciens de la Grèce, nous ap-