Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.9.djvu/121

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de pénétrer jusqu’à lui, personne n’osait ni troubler son sommeil ni le déranger s’il veillait encore. Cependant l’alarme est répandue partout, toute la ville est sur pied. Ce n’étaient point ici des feux allumés au haut d’une tour, qui, selon la coutume, annonçaient l’arrivée des corsaires, c’était la flamme même de nos vaisseaux incendiés qui publiait et la perte qu’on venait de faire et le péril qui menaçait encore.

XXXVI. On cherche le préteur ; et, lorsqu’on apprend qu’il n’est informé de rien, on se précipite avec impétuosité vers son palais ; on s’y attroupe en poussant de grands cris. Il se réveille enfin, se fait raconter par Timarchide tout ce qui s’est passé, et endosse l’habit de guerre. Le jour commençait à paraître. Il s’avance au milieu de la foule, encore appesanti par le vin, le sommeil et la débauche. Il est partout accueilli par des clameurs furieuses ; et l’image du péril qu’il avait couru à Lampsaque (67) se retrace devant ses yeux. Le danger présent lui paraissait encore plus grand, parce que la haine était aussi vive et l’attroupement beaucoup plus nombreux. On lui rappelle ses débauches sur le bord de la mer (68) ; on cite par leurs noms ses maîtresses ; on lui demande à lui-même ce qu’il est devenu, ce qu’il a fait depuis tant de jours qu’il s’est rendu invisible. On voulait qu’il livrât ce Cléomène, dont il avait fait un amiral. Peu s’en fallut que la vengeance exercée à Utique contre Hadrianus (69) ne se renouvelât à Syracuse, et que deux préteurs corrompus ne trouvassent leur tombeau dans deux provinces différentes. Mais les circonstances et l’approche des pirates continrent la multitude ; et